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Citation de enkidu_


« Quelle drôle d’existence que la mienne ! pensait-il ; et par quels singuliers détours m’a-t-elle fait passer ! Quand j’étais petit garçon ; je ne m’occupais que des dieux et des sacrifices. Jeune homme, je ne songeais qu’aux exercices spirituels, à la réflexion et aux méditations ; je cherchais Brahma et je vénérais l’Éternel dans Atman. Un peu plus tard, je me joignis aux moines pénitents, vivant dans la forêt, souffrant de la chaleur et du froid ; j’appris à jeûner et à tuer lentement mon corps. Ensuite ce fut la Connaissance qui se manifesta à moi d’une façon si miraculeuse par la doctrine du grand Bouddha, et la science de l’Unité du Monde que je m’assimilai au point de l’identifier avec moi-même. Mais j’ai dû aussi m’éloigner de cette science, comme je me suis éloigné de Bouddha. Je rencontrai Kamala qui m’enseigna les plaisirs de l’amour ; j’appris chez Kamaswami à faire du négoce, je gagnai de l’argent, je le gaspillai, j’appris à faire bonne chère et à flatter mes sens. J’employai des années à me gâter l’esprit, à désapprendre l’art de penser, à oublier l’Unité. Ne dirait-on pas que peu à peu et par un long détour, je me suis évertué à faire de l’homme que j’étais, du penseur, un enfant ? Et pourtant, ce détour doit avoir du bon, puisque l’oiseau qui chantait autrefois dans ma poitrine n’est pas mort. Mais quel chemin j’ai suivi !

Quand je pense qu’il m’a fallu passer par tant de sottises, par tant de vices, d’erreurs, de dégoûts, de désillusions et de misères pour en arriver à n’être plus qu’un enfant et à tout recommencer ! Mais c’était pour mon bien ; mon cœur me le dit, et la joie qui est dans mes yeux me le dit aussi. Il m’a fallu vivre dans le désespoir, m’avilir jusqu’à la plus lâche des pensées, celle du suicide, pour obtenir mon pardon, entendre de nouveau Om, goûter le vrai sommeil et le véritable réveil. Il m’a fallu passer par la folie pour arriver jusqu’à Atman. Il m’a fallu succomber au péché pour renaître à la vie. Où la route que je suis me conduira-t-elle ? N’est-elle pas absurde, cette route, ne me mène-t-elle pas en courbes, peut-être même en cercle ? Qu’elle soit comme elle voudra, je la suivrai. » (pp. 107-108)
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