( Italie, Villa Médicis) Les habitudes cocasses de l’Ecole des beaux-arts réapparaissent peu à peu. Un soir, des étudiants profitent de l’absence d’un des pensionnaires pour monter dans sa chambre, à grand renfort de planches, un âne. A son retour le musicien doit passer la nuit avec l’animal qu’il a toutes les peines du monde à faire redescendre le lendemain.
Ils rejouent une plaisanterie identique à un jeune couple parti au cinéma : le marbre figurant Ingres qui trône dans le jardin, monté para quatre gaillards et posé au beau milieu du lit, oblige les amoureux à dormir de chaque côté du buste bien encombrant.
Bientôt, entraîné par quelques camarades, il copie des dessins de maîtres à la bibliothèque de l’école qui en recèle un bon nombre. Tout d’abord, il prend soin de se procurer des pages de garde de vieux livres achetés sur les quais, puis trouve plus simple de patiner des feuilles de papier Ingres avec de la cendre et du café. Ces croquis, à la manière de Fragonard ou de Boucher, sont ensuite vendus à un antiquaire de la rue de Richelieu qui fait son choix et écoule les meilleurs à des amateurs persuadés d’avoir découvert à bon prix, une œuvre du XVIIIe siècle.
Forain s’est taillé une réputation pour son esprit acerbe qu’il ne peut s’empêcher d’exercer, même lors des légendes de ses dessins ou des dîners mondains. Un jour, il demande à Brayer, ce qu’il fait.
- Le portrait d’un modèle.
- Comment ! Mais on ne fait pas le portrait d’un modèle, un fait un nu. Un modèle, ça n’a pas d’âme. On fait le portrait d’un parent, d’un ami…
A la visite suivante, Yves lui annonce qu’il fait le portrait d’une amie de sa mère.
- Tu fais un métier de larbin, lui rétorque sans se démonter Forain.