Hervé Commère

Je ne peux pas faire plus plaisir à Laurie qu’en le prenant avec elle. Quand il faut que je lui parle, je viens la chercher à la sortie du collège et on chemine ensemble vers la station la plus proche. Nous nous mélangeons à la foule en nous tenant aux barres luisantes. On nous bouscule, pousse, renifle, le tout dans un volume sonore assourdissant, et nous bavardons. Elle rayonne et je souffre en silence.
J’aime notre relation. Elle est faite de tendresse, de franchise et de respect, je n’imagine pas cela possible entre un père et sa fille. Nous parlons de tout. Un soir, je l’ai trouvée en larmes dans sa chambre, assise au bord du lit. Elle se désolait, tandis que sa mère est une petite brune pulpeuse, de se transformer jour après jour en une grande blonde filiforme.