Car je crois que rien, ni les triomphes, ni le midi dans toute sa hauteur, ni l'oeuvre achevée, ni les plaisirs, ni les jardins, ni les corps souples, ne vaut ces premiers mouvements, signes de vie, ce commencement dans le ventre maternel. L'inconnu à tous et de lui-même se démène. Une volonté préexiste, quelqu'un sera. Embryon pour l'instant, qui gratte si doucement aux portes, croit encore que ce voile de chair et de sang cache quelque chose de suprêmement désirable, illusion organisée, et qui palpe, touche déjà, rêve, le réel. Ce léger mouvement est plus terrible pour le futur père que la trompette d'un jugement dernier. Il divise l'un. Je connus cette angoisse très particulière, unique sans doute parce que joie intense et mort possible se mêlent, du père lorsqu'il attend une venue au monde. Trois fois, elle me fut donnée.