AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de sebthoja


– Vous savez, a dit Roques, Paris est perdu. Thiers nous envoie peut-être soixante mille hommes et nous ne sommes, en face, que dix mille, au plus. Mal organisés, mal commandés. Des barricades ont poussé partout, construites sans aucun plan d'ensemble : la plupart seront contournées. Encore heureux si certaines ne se font pas face. Et pourtant, derrière chacune d'elles, il y a des hommes, des femmes, aussi, ils ne sont parfois qu'une poignée, persuadés qu'ils pourront tenir et qu'ils repousseront l'ennemi. Ils pourraient tous rentrer chez eux et écouter, leurs volets clos, défiler les troupes de Versailles. Ils auraient probablement la vie sauve. Ils verraient grandir leurs enfants, ils vieilliraient tranquilles, chacun chez soi, le soir devant son assiette de soupe. Et pourtant, ils restent là. Ils attendent l'assaut. Je ne sais pas s'ils sont courageux ou fous. Je ne sais pas bien, aujourd'hui, la différence entre ces deux mots, dans les circonstances présentes. La seule chose que je sais, c'est qu'ils font ce qu'ils ont à faire. Ce qu'ils croient non pas raisonnable, mais juste. Ils savent l'issue. Ils connaissent la fin. Mais ils ont l'espoir. De vaincre. D'en sortir vivants. Persuadés, sinon, de ne pas mourir pour rien. Voilà ce qui nous mène, nous autres. Ça n'est certainement pas raisonnable.

Pages 344-345, Rivages/Noir, 2019.
Commenter  J’apprécie          585





Ont apprécié cette citation (55)voir plus




{* *}