Ils s’appelaient John & Peter. Ils ne pouvaient décemment pas s’appeler autrement. Ils auraient pu eux-mêmes se surnommer Jack & Pete. Mais non. Cela ne leur était même pas venu à l’esprit derrière leurs petites mèches soyeuses. Ils s’appelaient John & Peter. C’était même écrit sur leurs badges. Au cas où… Ils auraient pu se les échanger une fois, un jour, comme ça, juste pour rigoler. Mais non. John & Peter n’étaient pas du genre à rire. En tout cas pas de ces choses-là. Chemises blanches immaculées, cravates savamment nouées, pantalons foncés parfaitement repassés et souliers impeccablement cirés, John & Peter avaient l’air de deux puceaux un peu débiles. Ce qu’ils étaient assurément. Puceaux & Débiles. Ils se réservaient. Ils réservaient toute leur frustration pour deux pucelles toutes aussi frustrées avec qui ils fonderaient des foyers de frustrés qui verraient éclore des enfants frustrés évoluant dans un univers plein de frustration. Alléluia !
Didier pourrait bien se précipiter pour la réconforter mais cette poupée se doit de réaliser par elle-même que ses préoccupations à lui ne sont pas de ce monde ! Elles sont tellement supérieures. Et puis, surtout, il est las. Par anticipation. Il est las par avance d’une vie faite de femmes faciles qu’il devrait assouvir toutes ces nuits.
La routine d’une femme différente pour chaque jour de l’année lui semble véritablement éreintante. Surtout lorsqu’il songe aux années bissextiles. Ingérable, tout simplement ingérable…