Literaturfilm-Interview Hong Ying
Les gens s'écartent pour le laisser passer. Il va droit à Lin Ying, la prend par la main et la mène jusqu'au tableau. Puis il lui dit de tourner le dos aux invités pour que tout le monde puisse bien faire la comparaison entre l'original et les deux parties qui ressortent le mieux sur la peinture: l'échine et les fesses. Elle lève les bras et lentement tourne sur elle-même.
Toute la pièce défile devant ses yeux. Plus personne ne boit, plus personne ne parle. Ils sont tous là à la regarder, à la déshabiller du regard, à se repaître de ce que la décence veut qu'on dissimule en public. Pourquoi devrais-je me cacher, après tout? Tout a sombré avec le naufrage de la ville. Tout est perdu, la seule chose qui me reste, c'est moi-même. Et je devrais renoncer à cette miette de liberté? A ce dernier droit minuscule qu'il me reste? En quel honneur? Je m'exprime par mon corps et par mon esprit, les deux se complètent, ils sont interactifs. Quelle raison pourrais-je avoir de réprimer ou de craindre l'un des deux?
Qi Jun la prend par la taille et lui murmure à l'oreille:
« Il faudrait que tu te déshabilles. Il n y a que comme ça qu'on arrivera à les convaincre de la puissance de notre art. »
Sur le visage de Lin flottant dans le bain, à son teint empourpré et son regard égaré, on pouvait lire la montée de l'orgasme. Abandonnant le cou de Julian, ses deux mains s'arc-boutèrent sur ses cuisses qu’elle maintenait fermement tandis que sa voix commençait à s'altérer, retrouvant ses accents de mélopée plaintive et douce, tantôt puissante, tantôt fragile, aux intonations insolites et mélodieuses. Elle franchissait les frontières d'un plaisir nouveau. Son chant lui-même avait quelque chose de neuf. Julian avait l’impression de voguer entre rêve et conscience, entraîné dans le sillage de Lin en vol plané dans les airs avant de rebondir à la crête des vagues, dans une sensation de beauté et de liberté.
Il y a deux sortes d’amis. Ceux qu’on doit voir souvent pour continuer à trouver des sujets de conversation et ne pas s’éloigner l’un de l’autre et ceux avec lesquels il est inutile de garder un contact quotidien. En fait, vous pouvez ne pas vous voir pendant des années et même des décennies. Vous pouvez avoir perdu le souvenir de leur visage ou de leur voix, mais dès l’instant où vous vous retrouvez, vous avez l’impression de ne jamais avoir été séparés.