Il marchait lentement en examinant l'étalage des bouquinistes. Des volumes fatigués s'y entassaient par milliers, plus nombreux que les feuilles mortes en automne dans les ornières d'un chemin. Ils avaient souffert du vent et de la pluie. Il y en avait de l'année même et d'autres plus anciens que les façades du Louvre et les vieilles tours du Châtelet. Ces amas de papier sale formaient une sorte de ruisseau sans fin, fuyant le long de la Seine, pour aller se perdre au loin, là-bas tout au loin, dans les mornes marécages de l'oubli.
Au fond il n'y a personne, ni homme ni femme, qui aime les liaisons fugitives, les faux serments, les simulacres, tout le jeu cruel de la galanterie. On se jette dans la galanterie comme on se jette dans le vagabondage, par désespoir d'arriver à une vie sage, régulière.
À Paris, il y a une foule de gens qui vivent du naufrage des autres. Ce sont des êtres avides, aux mains sales. C'est étonnant ce qu'ils ont d'argent et de billets de banque dans leurs taules. Rien qu'à les voir, ça vous donne des idées de vol et d'assassinat.