Hugues Hotier

Dans le Douaisis (Nord) tout le monde connaît le cirque éducatif ? Et tout le monde connaît Hugues Hotier, qui l'a créé il y a 42 ans, et porte encore bénévolement à bout de bras cette "utopie" ? Dans un livre, paru début janvier aux éditions L'Harmattan, Le Cirque éducatif, histoire d'une utopie, Monsieur Loyal revient sur les 42 années de cette "folle entreprise".



Les 100 premières pages de l'ouvrage sont consacrées à l'histoire et même à la préhistoire du Cirque éducatif, à Douai, à Sin-le-Noble (en passant par Lambres) puis à Reims. L'auteur y évoque aussi ses conceptions en matière de culture populaire et tire quelques conclusions de son expérience des arts du cirque.



Tout a commencé en janvier 1975. Hugues Hotier est professeur dans un IUT. Parallèlement, il mène une petite carrière de clown avec un acolyte. Son épouse, Micheline, est devenue agent artistique et organise le goûter des anciens de la ville de Douai à l'hippodrome. "Cet hippodrome au fronton duquel il était inscrit Cirque municipal fait fonction de salle polyvalente", écrit le fondateur du Cirque éducatif. Le 22 janvier 1975, Hugues Hotier reçoit les confidences de Charles Fenain, alors maire de Douai. Le premier magistrat se lamente sur l'état de l'hippodrome et hésite entre deux solutions : tout détruire ou revoir totalement l'agencement intérieur. "Dans ma tête apparaît immédiatement l'effet pervers commun à ces deux propositions : plus jamais de cirque à Douai", se dit le jeune enseignant. Alors même que la Cité des Géants accueille depuis des décennies des cirques... Hugues Hotier se saisit de l'arme qu'il manie le mieux alors : son stylo. Il écrit une longue lettre au maire de Douai en lui proposant d'organiser lui-même une semaine du cirque à l'ancienne pour sauver l'un des derniers cirques stables du pays. A travers un projet "destiné à sauvegarder une architecture", le "Cirque éducatif était en germe".



L'aventure ne faisait que commencer et elle dure depuis 42 ans. D'abord à Douai donc, jusqu'en 1984, quand la nouvelle municipalité menée par Jacques Vernier mettra fin à cette belle collaboration et organisera elle-même son cirque de Douai. Le Cirque éducatif (qui avait déjà planté son chapiteau à Reims) trouve alors refuge, à Lambres d'abord, puis à Sin-le-Noble, ville qui le soutient depuis (malgré les nombreux changements de municipalité).



A la lecture du livre, on sent combien cet épisode a marqué Hugues Hotier. "Je suis au centre de ce qui s'est passé en 1984 lorsque le maire de Douai et son bureau municipal ont décidé de poursuivre l'œuvre que j'avais créée une décennie plus tôt... mais en faisant appel à quelqu'un d'autre." Pour comprendre, il faut se rappeler que la campagne électorale au début des années 1980 tournait autour de l'avenir du vieil hippodrome douaisien. Hugues Hotier avait alors pris la défense de l'hippodrome que des candidats aux municipales voulaient transformer en centre culturel.



En 1984, le Cirque éducatif était encore douaisien mais plus l'année suivante. Un quotidien avait alors écrit : " pour avoir transgressé aux règles de la loi du plus fort, Micheline et Hugues Hotier ont été évincés d'une œuvre qui était incontestablement la leur"... Malgré l'offre concurrente mise en place par la Ville de Douai, Hugues Hotier décide d'installer son cirque dans une commune voisine : à Lambres (une seule édition avant de migrer à Sin) où le succès ne se dément pas. Bref, le monsieur Loyal profite de son ouvrage pour solder certains comptes et expliquer comment il avait vécu cette "guerre des cirques".