De Smet était un Belge corpulent qui avant émigré aux Etats-Unis à l'âge de vingt ans et était entré dans l'ordre des jésuites, qui étaient depuis longtemps très actif parmi les Indiens du Canada et de la vallée du Mississipi. en 1840, les supérieurs de de Smet à Saint Louis l'envoyèrent dans l'Oregon évangéliser les tribus Flathead et Coeur d'Alene. Il allait passer trente deux années parmi les Indiens de la région, menant la même vie qu'eux, partageant leur nourriture et faisant de longs voyages à cheval -montant, comme eux, à cru. Il parcourt quelque 160 à km à travers des montagnes inexplorées.
En 1841, un jésuite français, le Père Point, se joignit à lui et devint le chroniqueur officiel des missions catholiques, notant avec un soin méticuleux tous les détails de son expérience et de celle de ses confrères. Peintre amateur, il rehaussa ses chroniques de plusieurs centaines de dessins et de peintures à l'huile, qui forment aujourd'hui un ensemble de documents uniques illustrant une époque peu connue de l'histoire des Indiens américains.
2/ Prophètes et propagandistes.
Missionnaires catholiques chez les Indiens
Sur les immenses prairies à l'ouest du fleuve Missouri, les hautes herbes ondulent en vagues chatoyantes sous l'effet du vent. " Comme un océan dans son immensité, dans sa monotonie et dans ses périls ", écrit un chasseur d'antilopes vers 1850, " comme un océan dans sa beauté." Tous les voyageurs étaient très fortement impressionnés par ce spectacle grandiose. Pourtant, pour les pionniers qui cheminaient vers l'Ouest en suivant la piste de l'Oregon au milieu du XIXe siècle, cet océan d'herbe était rien moins qu'accueillant. Il était désolé, sans nul abri, uniforme, infiniment solitaire et implacable. Qui accepterait d'y habiter ?
6/ Les défricheurs au coeur du continent
Un océan d'herbe inhospitalier
C'est après avoir lu une lettre passionnée publiée en 1833 dans la revue protestante Christian Advocate and Journal que Lee décida d'entreprendre ce voyage. On y décrivait la venue à Saint-Louis de quatre Indiens originaires de "l'ouest des montagnes rocheuses". Selon l'auteur -un métis nouvellement converti au méthodisme- les visiteurs avaient un ardent désir de connaître la religion de l'homme blanc. Quelqu'un leur avait enseigné "que les hommes blancs qui vivaient du côté du soleil levant avaient reçu un livre qui donnait des indications sur la vraie manière d'adorer le Grand Esprit." Ces Indiens, trois Nez Percé et un Flathead, avaient parcouru près de 5000 km pour venir à Saint-Louis prendre connaissance du message contenu dans le livre du Grand Esprit. Au moment de se présenter devant le directeur des Affaires indiennes -qui n'était autre qu'un grand explorateur, le général William Clark- deux d'entre eux moururent de maladie et d'épuisement. des martyrs en quête de la vraie foui ! Les sociétés de missionnaires en étaient bouleversées; Il fallait faire quelque chose pour sauver des âmes d'une si grande noblesse.
2/ Prophètes et propagandistes
Audacieux précurseurs d'un grand exode
L'Oregon était une vaste contrée sauvage qui s'étendait au nord de la Californie. Elle était bordée par l'océan Pacifique à l'ouest et l'Alaska au nord; sa limite orientale était la ligne de partage des eaux des montagnes Rocheuses. Ce territoire couvrait les Etats actuels de l'Oregon, du Washington, du Montana, de l'Idaho, du Wyoming et une partie du Canada. En réalité, nul ne savait vraiment à qui appartenait ce territoire; il était revendiqué à la fois par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne qui, en 1818, avaient signé un traité pour le moins habituel : il était insolite en ceci qu'il autorisait "une occupation conjointe" des deux nations.
1/ A la recherche d'un second Eden
Une population turbulente avide de terres
A priori, Keley n'était pas le type d'homme susceptible de fonder une colonie loin de toute civilisation. Homme pieux et renfermé, il lisait beaucoup -enfant, il s'était abîmé les yeux en lisant Virgile au clair de lune- et on l'imaginait mieux comme pasteur ou comme maître d'école. En fait, après avoir obtenu sa licence au Middelbury College dans le Vermont, il enseigna dans une école de Boston et écrivit plusieurs manuels pour l'apprentissage de la lecture; Mais le journal de voyage des explorateurs Lewis et Clark lui avait inoculé le goût de la grande aventure.
2/ Prophètes et propagandistes
Audacieux précurseurs d'un grand exode
Parmi les premiers à s'engager, il y eut un pasteur méthodiste de trente ans du nom de Jason Lee qui allait, à sa manière, contribuer à la conquête de l'Ouest. grand, musclé, les yeux bleus et clairs, les mâchoires fortes, Lee était bien de nature à supporter les rigueurs du voyage. C'était un ancien fermier qui, d'après un contemporain, pouvait débiter une corde de bois en deux heures, et il "avait un estomac d'autruche capable de digérer n'importe quoi". En tant que messager de Dieu, il était aussi parfaitement recommandable : le zèle pastoral de Lee était, selon les termes de l'évêque méthodiste de Boston, "profond et toujours égal". On ne pouvait rêver meilleur pasteur pour arracher à Satan les âmes des indigènes paiens, pensa l'évêque, et Jason Lee se vit immédiatement confier la charge de convertir au christianisme les Indiens de l'Oregon.
2/ Prophètes et propagandistes
Audacieux précurseurs d'un grand exode
Semblable zèle évangélique se retrouve dans toutes les églises protestantes au milieu du XIXe siècle. Dés 1820, le Bureau américain des missions étrangères s'était alarmé de la situation à Hawai et avait dépêché des représentants pour y faire connaître le christianisme. Animés par le même enthousiasme, des missionnaires allaient maintenant venir sauver les âmes des indigènes de l'Oregon. En établissant leurs missions dans les lieux sauvages du Nord-Ouest, ils allaient y créer par la même occasion les premières villes américaines et les oasis de civilisation qui attireraient les futurs pionniers. Nathaniel Wyeth n'avait que des objectifs commerciaux -c'était, selon un ecclésiastique, un "parfait infidèle"- mais il allait contribuer à cette oeuvre spirituelle en emmenant avec lui Jason Lee, qui serait le premier missionnaire de l'Oregon.
2/ Prophètes et propagandistes
Audacieux précurseurs d'un grand exode
De toutes les motivations qui poussèrent des familles entières à chercher une vie meilleure dans l'Ouest, la plus puissante fut sans conteste le désir de fuir les persécutions religieuses. Et, de tous les pionniers, ceux qui furent, en dépit de leur courage et de leur zèle infatigable, les plus éprouvés -et les mieux récompensés- furent probablement les fidèles de l'Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours : la secte des mormons.
Fondée en 1830 par Joseph Smith, fils de fermiers de la Nouvelle Angleterre qui prétendait communiquer directement avec Dieu, la secte attira rapidement des disciples; mais son gouvernement théocratique, son économie communiste, et particulièrement la pratique des mariages multiples, qui était contraire aux traditions d'une société conventionnelle, voire puritaine, suscitèrent l'hostilité des "gentils".
5/ l'odyssée des "saints"
Depuis que leur prophète et premier chef, Joseph Smith, avait fondé la secte en 1830, ce rêve avait avorté trois fois. Dans l'Ohio, le Missouri et l'illinois, la fureur populaire les avait chassés de leurs foyers et de leurs fermes. pourtant, loin de les décourager, les persécutions les avaient tellement renforcés dans leurs convictions et rapprochés les uns des autres que leur émigration vers l'Ouest allait être la plus réussie de toute l'histoire américaine; leur union était si forte qu'ils oseraient cultiver cette sinistre vallée, si puissante que dix ans plus tard ils se dresseraient orgueilleusement, jetant un défi au président des Etats-Unis et à son armée.
5/ L'odyssée des "saints"
La réalisation d'un improbable paradis
Soudain, à l'intérieur d'un chariot, le chargement se mit à osciller, puis la masse entière du chariot bascula et celui-ci se renversa dans un violent fracas. Un enfant se réveilla et se mit à geindre. l'explication était simple : au milieu du convoi, un garçon d'une dizaine d'années, pour tromper son ennui, s'amusait de temps à autre à mettre un gros bâton entre les rayons d'une roue qui tournait lentement. Il arriva ce qui devait fatalement arriver : un des rayons de la roue se brisa.
Une journée comme celle-là, avec son lot de fatigue et de déceptions, était bien pareille aux autres journées sur la route de l'Ouest.
1/ A la recherche d'un second Eden
Une population turbulente avide de terres