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Citation de Baldrico


Je me souviens que je souffrais beaucoup à cause d'une sensation, qu'en vérité je pourrais appeler une maladie et que pour mon propre usage j'avais nommée "sentiment d'altérité". Depuis ma plus tendre enfance, je connais bien cette sensation qui ne me quitte jamais, mais alors elle me hantait de façon dangereuse, m'empêchait de travailler le jour, de dormir la nuit, j'étais à la fois tendu à l'extrême et abattu jusqu'à l'impuissance. C'est une maladie nerveuse bien fondée, nullement imaginaire, moi du moins je crois que dans le fond, elle s'appuie sur la réalité, sur la réalité de notre condition humaine. En général ça commence par une impression d'étonnement, d'autres fois en revanche, surtout à cette époque-là, par l'impression extrêmement violente que ma vie ne pend qu'à un fil, mais pas au sens où je vais vivre ou mourir, il n'est pas question de la mort, il n'est justement et exclusivement question que de la vie, sauf que celle-ci fait soudain apparaître en moi l'image et la forme, plus précisément, l'absence de forme de l'incertitude la plus totale, si bien que je ne suis pas sûr du tout de sa réalité, oui, je suis plein de doutes envers ce que mes sens présentent comme réel mais qui est très douteux, en somme, je me méfie de l'existence réelle de mon environnement et de moi-même, et je suis relié à cette existence, comme je l'ai déjà dit, par ce genre d'expériences, que je devrais peut-être plutôt nommer crises, donc au cours de ces expériences semblables à des crises, je ne suis relié à la vie, celle de mon environnement et la mienne, que par un fil, et ce fil c'est seulement ma raison, rien d'autre. Or ma raison est non seulement encline à l'erreur, le moins que je puisse dire est que ce n'est pas un instrument, ou comment dire, un organe des sens parfait, mais de surcroît elle fonctionne la plupart du temps péniblement, par à-coups, confusément, et parfois à peine.
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