Gare de Lyon, Marco se tenait au bout du quai, un peu en retrait des machines à composter les billets, pour éviter d'être amalgamé - même si elles n'étaient pas nombreuses de si bon matin - avec les personnes qui, comme lui, étaient venues chercher quelqu'un. A la façon dont certaines se dévissaient le cou, anxieuses de manquer l'être aimé, on comprenait qu'il s'agissait d'une surprise. A la joie impatiente éclairant d'autres yeux, à la fébrilité des mains, on voyait qu'une attente prenait fin, un couple allait se retrouver, ils se seraient manqués, ils avaient un peu peur - comme toujours avec le bonheur. A l'immobilité de ceux qui tournaient le dos au quai, en train de lire ou de téléphoner, on décelait le poids de la responsabilité endossée, l'enfant ou le parent bientôt récupéré.