Lilia et Mehdi, un frère et une soeur d'origine berbère, ont fui leur village et gagnent Tanger, le port de tous les espoirs. Au-delà, c'est l'Europe. L'espoir d'une vie meilleure ?
Le nouveau roman d'Ingrid Thobois aborde avec justesse et sensibilité la réalité des migrants.
Le propre de l'angoisse est de venir interrompre l'acte le plus anodin, le plus quotidien et de l'enrayer. Elle se glisse dans les plis des draps, de lit défait en lit défait, dessinant une chaîne ininterrompue d'insomnies. Elle traverse le corps de part en part, de cellule en cellule, s'infiltre dans chaque membre, tendon, muscle, nerf. Rien ne sert de lutter. Il faut attendre que les proportions du monde se rétablissent, que l'angoisse redevienne peur, inquiétude et son objet un bibelot dont on pourra bientôt se moquer. (p40)
Le chagrin ne s’allège pas d’être toujours partagé. La tristesse, c’est aussi quelque chose d’intime que l’on peut vouloir garder pour soi. Il faut simplement accepter de la traverser. Ne pas lutter. Attendre que le courant nous redépose sur le rivage. Attendre que passe le nuage d’orage.
L'imminence du départ, ce spasme entre la certitude d'un quai et le doute d'une destination, déstabilise un grand nombre de voyageurs. On a beau avoir lu les panneaux d'affichage, vérifié les écrans, rien n'y fait: le parallélisme des quais et des trains semble une invite à se tromper de voie, à se tromper de vie.
J'ai toujours aimé les chiens: tellement plus franc du collier , l'indicateur des battements de queue fiable à 100% . Il n'y a rien de compliqué avec un chien, jamais .ça a faim, soif, c'est content, pas content , ça veut faire sa promenade, faire ses besoins, ça a peur de l'orage, ça a envie de jouer, ça aime ou ça n'aime pas quelqu'un . Un chien, ça repose des humains...et des garçons.
J'ai toujours aimé les chiens : tellement plus francs du collier, l'indicateur des battements de queue fiable à 100%. Il n'y a rien de compliqué avec un chien, jamais. Ça a faim, soif, c'est content, pas content , ça veut aller en promenade, faire ses besoins, ça a peur de l'orage, ça a envie de jouer, ça aime ou ça n'aime pas quelqu'un. Un chien, ça repose des humains... et des garçons.
C'est vraiment bien les chiens : fidèles et pas rancuniers . Il faudrait que je rencontre un garçon aussi bien que Flappi . Lisible comme un livre ouvert . Et je saurais exactement ce qu'il ressent à sa manière de bouger , d'aboyer, de ... Bref, ça serait bien .
Vesna continue d'expliquer. Elle parle sans interruption. La résistance, ce n'est pas seulement celle à laquelle participe [son fils] Zladko. Il y a quantité de manières de se battre pour regagner le droit de vivre ensemble. La ville entière résiste en s'acharnant à vivre. En continuant à sortir pour sa ravitailler en nourriture, en eau, les bidons à bout de bras, priant pour que Dieu existe et qu'il regarde du bon côté. En continuant à fréquenter les théâtres et les galeries d'art en sous-sol, les concerts dont résonnent les caves. En continuant à se marier. A faire l'amour. A jouir. A enfanter. En organisant un concours de beauté. A ces mots, Vesna se contorsionne vers le siège arrière de la voiture et se saisit d'un paquet qu'elle jette sur les genoux de Joaquim : 'Schwarzkopf blond cendré n° 08'. Vesna a échangé cette teinture au marché noir contre la fortune d'un kilo de sucre.
(p. 125)
La guerre n'arrête pas seulement le temps, elle l'engloutit, brouille les figures, les traits, et ride pareillement vieillards et enfants. Un même masque se dépose sur les visages rongés d'angoisse et privés de sommeil.
Choisir de cesser de vivre, ce n'est pas forcément choisir de mourir.
... rien à voir avec ces touristes qui consomment le monde au lieu de le découvrir, prenant en photo ce qu'il n'ont pas regardé.