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Citation de Tandarica


En Roumanie, il existe un sésame capable d'ouvrir les cœurs les plus chagrins ou suspicieux. Dites seulement "Caragiale". La promptitude avec laquelle, pour le coup, les masques se lézardent, les lèvres se distendent, les yeux se prennent à pétiller ! Et cette exhalaison de soupirs extatiques…
Dieu sait pourtant si, au cours de sa vie, Ion Luca Caragiale (1852–1912), maître de la satire en qui d'aucuns voient aujourd'hui le "créateur de la prose roumaine moderne", eut à souffrir de l'hostilité dont devait le poursuivre l'establishment d'alors. D'où, en 1904, à l'âge de cinquante-deux ans, s'étant par deux fois vu refuser –en dépit (ou du fait) de son vaste succès populaire– le prix de l'Académie (et de plus renvoyer de la Régie des Monopoles), son exil à Berlin où il s'éteindrait huit ans plus tard. Mais quoi? Aussi persuadé qu'il ait pu être de servir ses contemporains en faisant rire d'une bourgeoisie naissante, ridicule, ou en parodiant un parlementarisme jeune mais déjà rongé par l'arrivisme forcené, pouvait-il en aller autrement? Car s'il y a du Feydeau et du Courteline dans son théâtre ou ses "croquis", s'y glisse aussi une verve assassine, nécessairement moins dégradable, qu'on trouve à l'œuvre chez Gogol, voire chez Lermontov.

p. 9 extrait de la préface de Jil Silberstein, "La gloire posthume d'un trublion"
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