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2.75/5 (sur 12 notes)

Nationalité : Argentine
Né(e) à : Buenos Aires , 1974
Biographie :

Iosi Havilio est un écrivain argentin.

Il est le fils de l'acteur d'origine serbe, Harry Havilio.

Après avoir étudié la philosophie, la musique et le cinéma, il a connu un immense succès critique avec son premier roman, "Opendoor", en 2006.

"Petite fleur (jamais ne meurt)" (Pequeña flor, 2015) est son cinquième roman, et le premier publié en France.

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Bibliographie de Iosi Havilio   (1)Voir plus

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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
On buvait du vin, un apéritif, du whisky, on grignotait, avec du jazz en fond sonore. La conversation était sans importance. Je restais assis dans le fauteuil et Guillermo déambulait dans la maison, infatigable. II répétait que j'avais besoin d'une éducation musicale : Tu as des lacunes énormes. Alors il commençait, sans véritable méthode, à mettre des disques et à passer les styles en revue. Jusqu'au moment où, quand nous étions assez saouls, parfois moi plus que lui, parfois l'inverse, je disais : Il est tard ! Guillermo me demandait de rester encore un peu, il mettait une nouvelle version de son morceau préféré. Ces notes devenues familières annonçaient l'acmé, le moment précis de passer à l'action. Un soir, j'ai anticipé le déroulement de la scène et je lui ai demandé comment s'appelait ce morceau qu'il finissait toujours par mettre. Il m'a expliqué qu'il s'agissait de Petite Fleur, un classique des années cinquante composé par Sidney Bechet, le plus illustre vibrato de l'histoire du jazz. Un type du niveau de Louis Armstrong mais qui n'avait pas eu sa chance. Trop noir pour les Blancs, trop blanc pour les Noirs, tel était son karma.
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Cette histoire a commencé quand j'étais quelqu'un d'autre, un lundi. Comme chaque matin depuis notre emménagement ici, j'ai enfourché mon vélo et je me suis mis à pédaler. A la sortie du tunnel, le visage battu par le vent puissant du viaduc, j'ai imaginé qu'Antonia ne grandirait jamais.
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Ce soir-là, j'ai relu les dix premiers chapitres d'une traite, rendu au délire de la fièvre russe de mon adolescence. Outre Tolstoï, auquel je vouais une dévotion obsessionnelle (au-dessus de mon lit, j'avais punaisé une photo de sa tombe dans la forêt, un talisman pour la nuit), je dévorais aussi Dostoïevski (je comptais quatre traductions de Crime et Chatiment dans ma bibliothèque), Tchekhov (Trigorine le poète était mon alter ego), La Mère de Gorki, les contes étranges de Tourgueniev et le grand Maïakovski. Mon héros, ma faiblesse. J'idolâtrais ce personnage robuste, austère et romantique, et souvent je récitais par cœur ses vers : Écoutez! / Si les étoiles s'allument, / c'est que quelqu'un en a besoin ? / Ya-t-il quelqu'un pour vouloir / que la nuit au-dessus des toits s'allume / ne serait-ce qu'une étoile ?
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Laura était de très bonne humeur, elle se faisait les ongles de pieds, assise au bord du lit. Elle a voulu me raconter son film, l'histoire de deux Coréennes qui tombent amoureuses du même homme et décident de le partager sans qu'il s'aperçoive de rien. Elle m'a décrit une scène de sexe en plein air dans une espèce de jardin botanique avec des étangs, des ponts et des cerisiers en fleur qui m'a instantanément excité. Je ne l'ai pas laissée terminer, je l'ai embrassée, on s'est déshabillés et on a fait l'amour, tantôt avec tendresse, tantôt avec furie.
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Quand la vie / Par moments me trahit / Tu restes mon bonheur / Petite fleur… Toujours, quand cette chanson passait, Guillermo baissait la lumière et se mettait à danser, m’invitant à l’imiter : Allez, fais pas ton timide ! À partir de cet instant, la suite était entre mes mains, je devais agir avant que le morceau se termine ; c’était la consigne tacite, la seule règle du jeu. Un jeu à demi conscient qui provoquait un double duel en moi : mes pensées et mes actes, mes actes et les circonstances. Je m’étais promis de ne rien planifier, de ne jamais utiliser deux fois le même mode opératoire, l’essentiel étant que le coup soit précis et mortel.
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On s'est ensuite baladés sur la digue, heureux, une bière à la main.
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Résurrection ! Ce mot m’est apparu avec netteté, je me suis rué vers la bibliothèque. J’ai parcouru les étagères à la recherche d’un exemplaire des Œuvres complètes de Tolstoï, ce pavé qui m’avait servi de canne et de phare au meilleur de ma jeunesse. Je n’ai eu aucun mal à reconnaître sa reliure couleur sang, cet objet indélébile au titre brodé de fil d’or. L’odeur de vieux cuir, la texture soyeuse du papier jauni, les fourmis au bout des doigts, m’ont aussitôt procuré un plaisir infini. Bien qu’ayant été un moins grand lecteur que je ne prétendais entre mes quinze et mes dix-huit ans, capable de parler sans vergogne de ce que je n’avais pas lu, cette époque avait sonné mon entrée dans la grande patrie de la littérature. Entouré de livres, je me barricadais contre la déception menaçante de la vie adulte. Des livres, des livres et encore des livres, empilés comme des tours sans avenir, éparpillés par terre, débordant des étagères. Résurrection était devenu mon roman fétiche, par goût mais un peu aussi, il faut bien l’admettre, par snobisme.
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Atteindre le sommet n’est qu’un but matérialiste, la paix se forge avant, dans la contemplation, en chemin.
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J’ai compris que cette histoire de fourmi n’était qu’une preuve sans engagement : tout le monde peut tuer une fourmi, je devais faire quelque chose de plus définitif, assumer un risque plus grand. La solution était là. À peine ai-je levé les yeux que je suis tombé sur le pigeonnier, de l’autre côté du mur d’enceinte. Je savais, à force d’entendre les conversations furtives entre le boulanger et ses collègues passionnés, qu’ils utilisaient ces oiseaux pour des concours. Ceux qu’on gardait là en cage étaient souvent les femelles pondeuses, les meilleurs spécimens se trouvant au club de colombophilie. J’avais aussi pu observer qu’on les lâchait tous les samedis matin. Rares étaient ceux qui s’éloignaient, leur poids les empêchant de voler.
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« Seuls les hommes continuaient de tromper et de se tourmenter les uns les autres. Seuls les hommes estimaient que ce qui était important et sacré, ce n’était point cette matinée de printemps, ce n’était point cette beauté divine du monde, créée pour la joie de tous les êtres vivants, et les disposant tous à la paix, à l’union, et à la tendresse, mais que ce qui était important et sacré, c’était ce qu’ils avaient eux-mêmes imaginé pour se tromper et se tourmenter les uns les autres. »
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