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Citation de Tempsdelecture


La confrontation à la réalité de Tchita fut violente pour tous les déportés. Aucun exilé n’a évoqué son arrivée et dans le groupe de femmes, il n’y eut que Pauline et Maria pour en parler.

La princesse n’est pas plus prolixe qu’elle. De la même façon, Maria parle du moment ou son cocher, au débouché de la vallée, lui pointe les bâtiments du bagne – trois, précise-t-elle, des sortes de casernes, l’une très vaste, les deux autres, beaucoup plus petites. Contrairement à Pauline, elle ne remarque pas le vieux fortin. En revanche, la muraille de pieux qui encercle le pénitencier l’impressionne. Des poteaux « hauts comme des mâts de vaisseaux », écrira-t-elle trente ans plus tard, encore saisie par cette découverte.

Elle en restera là. Elle non plus, elle ne voudra pas se souvenir et sans la détermination d’une condamné, Nicolas Bestoujev, un ancien officier de marine qui se passionnait pour la peinture, on n’aurait presque rien su du bagne de Tchita. Le premier, il comprit que le pire ennemi de déportés était l’oubli. Il fallait témoigner. Et pour commencer, de ce qui ne pouvait pas se transmettre par les mots : l’impression que l’on éprouvait lorsqu’on se retrouvait prisonnier de cette vallée perdue, cette sensation d’avoir été projeté sur un astéroïde extrêmement lointain ou tout avait les apparences de la normalité, sauf le temps, immobile, et le vide, écrasant.
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