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Citation de Adrienteil


Après le discours des politiciens français et allemands, les gens se sont dispersés peu à peu, et j’ai senti monter en moi de grandes pensées et un désir pressant d’obtenir des renseignements sur la politique, sur ce que veulent les hommes d’État et tout et tout. Les journaux m’ennuient affreusement et en plus je ne les comprends pas bien. J’avais besoin de quelqu’un qui m’éclaire et l’énorme vague d’enthousiasme, en se retirant, a déposé sur mon rivage un homme (…)
Nous sommes allés dans un café. Il était pâle et portait un complet bleu marine, il avait un petit air de Nouvel An — comme s’il venait de partager ses derniers sous entre le facteur et le ramoneur. Mais ce n’était pas le cas. Il était employé municipal et marié. J’ai bu du café et mangé trois parts de tarte aux noix— dont une avec de la crème, car j’avais sacrément faim — et j’étais très avide d’explications politiques. J’ai donc demandé au monsieur bleu marine et marié pourquoi ces hommes d’Etat étaient venus. Là-dessus, il se met à me raconter que sa femme a cinq ans de plus que lui. Je lui demande pourquoi on a poussé des cris en faveur de la paix, alors que nous sommes justement en temps de paix, ou du moins pas en guerre. Il me répond que j’ai des yeux comme des mûres. J’avais peur de paraître idiote mais j’ai demandé prudemment pourquoi les hommes politiques français nous avaient tellement émus du haut de leur balcon— si ça voulait dire que les gens étaient d’accord quand il y avait partout un tel enthousiasme, et si c’était bien certain qu’il n’y aurait plus jamais la guerre. Alors le monsieur bleu marine et marié me répond qu’il vient du Nord et que c’est pour ça qu’il est terriblement renfermé. Je sais d’expérience que tous ceux qui commencent par vous dire : « Moi, vous savez, je suis un être terriblement renfermé », ne le sont justement pas du tout et qu’ils vont tout vous déballer, ça ne fait jamais un pli. C’est à ce moment-là que je me suis rendu compte que la cloche à fromage de la fraternité, au-dessus de nos têtes, se soulevait peu à peu et s’éloignait de nous.
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