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EAN : 9782490501168
226 pages
Editions du Typhon (20/05/2021)
3.66/5   25 notes
Résumé :
Fuyant la ville moyenne où elle végète, Doris part à la conquête du Berlin des années 30. Un objectif : s'émanciper ! Elle plonge alors dans un univers éclatant et éclaté : le champagne coule à flot comme les êtres à pic dans la misère. Artistes, mondains, chanceux et perdants magnifiques s'offrent un dernier tour de piste avant le désastre. Sa soif de vivre, sa joie et son humour permettront-ils à Doris de résister à ce torrent ?

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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique

Que peut faire une jeune fille douée d'un grand appétit de vivre dans une petite ville d'Allemagne au début des années 30 ?
Doris est belle, elle sait jouer de son charme et malgré son jeune âge, sait manoeuvrer les hommes. Sans être cultivée, elle parle un bon allemand et peut faire illusion car elle se soucie beaucoup de son apparence et choisit ou vole de beaux vêtements. C'est d'ailleurs après avoir volé un manteau en petit-gris et craignant d'être arrêtée, qu'elle quitte sa petite ville pour Berlin. Son rêve : devenir une vedette de cinéma, elle fréquente donc les bars d'artistes mais aussi les lieux où elle peut rencontrer des hommes riches.
L'intérêt du roman est aussi dans le portrait fait du Berlin de cette époque avec des hommes qui perdent leur emploi, des femmes qui n'ont d'autre choix que la prostitution.

Le ton d'Irmgard Keun qui a connu la république de Weimar, est très moderne. Mais ses livres seront interdits par les nazis car le moins que l'on puisse dire c'est que l'image qu'elle donne des femmes n'est pas celle prônée par Hitler. Ce roman avait été publié d'abord sous le titre La jeune fille en soie artificielle.


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En dehors de son contexte d'écriture, ce roman ne m'aurait pas particulièrement marqué. Certes, la volonté de Doris et son amour des hommes et de la liberté est sans commune mesure. de même, le ton de l'auteur est vif et acéré et puissamment féministe. Mais ce qui force surtout à mon sens le respect est de savoir que l'auteure de cet ouvrage – initialement intitulé « La fille de soie artificielle » - l'a publié ouvrage en 1932, sous la République de Weimar. Une fois consciente de la date, celui-ci se révèle être des plus avant-gardistes !
Ce sont également les derniers soubresauts d'un monde libre que ce livre nous donne à voir…
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Une vie étincelante est la dernière pépite publiée par le Typhon, jeune éditeur particulièrement intéressé par les romans du début du 20e siècle injustement méconnus. Si le livre d'Irmgard Keun fut un best-seller en Allemagne à sa sortie en 1932, sa trajectoire fut freinée par son interdiction par le régime nazi un an plus tard. Ce roman n'a pourtant rien de subversif. Keun raconte les aventures de Doris. Licenciée de son emploi de bureau après avoir refusé de coucher avec son patron, elle part de Cologne pour tenter sa chance comme actrice à Berlin. Elle ne trouvera pas la célébrité mais un quotidien entre mondanités, gueules de bois, histoires d'amour bancales et fins de mois difficiles. Qu'importent les problèmes, Doris y fait toujours face avec malice. L'humour grinçant de Keun et la galerie de personnages qu'elle brosse en font aussi une occasion de découvrir l'Allemagne à l'époque de la République de Weimar, trop largement méconnue.
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« Je suis à Berlin. Depuis quelques jours. Après une nuit de voyage et avec quatre-vingt-dix marks en poche. Il va falloir que je vive avec ça jusqu'à ce que se présente à moi une source quelconque de revenus. C'est du sensationnel que je viens de vivre. Berlin s'est posée sur moi comme une courtepointe ornée de fleurs couleur de flamme. L'Ouest est très distingué, avec une quantité considérable de lumières -comme des pierres fabuleuses, hors de prix, serties dans des chatons estampillés. Une vraie débauche d'enseignes lumineuses. Un scintillement, tout autour de moi. » S'ennuyant dans sa ville de province, Doris décide de rejoindre Berlin où elle pourra assouvir son ambition : être actrice. Nous sommes en 1931 et la jeune femme va côtoyer des artistes, des mondains, mais également ceux que la crise a jetés à la rue. La vie étincelante recherchée par Doris ne sera pas si facile à atteindre.

Je découvre grâce aux éditions du Typhon la plume d'Irmgard Keun, romancière ayant vécu à la même époque que son héroïne. Ce qui frappe d'emblée, c'est la liberté de ton de ce texte, la modernité de la langue. le récit de la vie de Doris est un véritable tourbillon. Elle n'a peur de rien, ni de personne. Elle enchaine les conquêtes par altruisme, par ambition et surtout parce qu'elle laisse s'exprimer son désir. Pour les années 30, le texte d'Irmgard Keun devait être provocant, insolent (il l'est toujours d'ailleurs !). Derrière l'humour de Doris, sa soif de vivre, on sent un certain désespoir. La crise de 29 a eu des répercussions terribles en Allemagne, le pays est exsangue. Et comme le rappelle l'introduction, la période fut difficile pour les femmes qui avaient réussi à obtenir des droits durant les années 20. C'est aussi pour son émancipation que se débat Doris.

« Une vie étincelante » est un roman intense, plein de fougue et d'une liberté totale qui nous surprend encore aujourd'hui.
Lien : https://plaisirsacultiver.com/
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Une vie étincelante, voilà l'objectif de l'héroïne du livre, Doris. En rééditant ce classique de la littérature allemande traduit par Dominique Autrand, Les éditions du Typhon nous livre un texte d'une étonnante modernité. Cette plongée dans le Berlin des années 30 auprès d'une jeune femme pleine d'esprit et d'ambitions m'a emportée.

Doris vit avec ses parents à Cologne. Elle travaille comme dactylo et s'y ennuie profondément. Jolie et pleine de vie, elle attire à elle tous les regards. Elle tente de quitter la pauvreté de son milieu d'origine et se rêve actrice. Elle en a l'allure mais découvre très vite que c'est un milieu où chacun se méprise. N'y trouvant pas sa place, elle décide de se rendre à Berlin, le seul endroit qui lui semble à la hauteur des ses rêves. Pourtant, elle déchante rapidement car la ville sort à cette époque de la crise de 1929 et la pauvreté est omniprésente. de plus, les idées antisémites montent et un climat pesant hante la ville.
Le roman nous dresse aussi le portrait d'une époque de désillusion où chacun porte les sévices de la crise de 1929. L'Allemagne est ruinée et les débats politiques s'enflamment. Les femmes avaient connu plusieurs avancées sociales lors de la décennie précédente mais elles sont les premières victimes de la crise. Un retour au foyer pour elle est portée par les milieux conservateur. Doris se bat pour rester libre et ne pas être enfermée dans un mariage ennuyeux.

Malgré le contexte politique et les difficultés de Doris, le roman n'est jamais mélodramatique. L'autrice nous propose une héroïne qui va à rebours du cliché de la jeune et jolie provinciale trompée et brisée par la capitale. Elle refuse son assignation sociale et son désir insatiable de vie lui fait côtoyer tous les milieux. Des salons luxueux aux salles d'attente des gares, Doris vit tout avec panache. J'ai été particulièrement admirative de l'écriture vive et pleine d'images. La langue est moderne et libre, à l'image de Doris. Même dans les moments les plus difficiles, elle fait preuve d'esprit et d'une certaine effronterie.

Encore un très beau travail d'édition de la part de cette maison d'édition que j'aime tant.
Lien : https://lapagequimarque.word..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Après le discours des politiciens français et allemands, les gens se sont dispersés peu à peu, et j’ai senti monter en moi de grandes pensées et un désir pressant d’obtenir des renseignements sur la politique, sur ce que veulent les hommes d’État et tout et tout. Les journaux m’ennuient affreusement et en plus je ne les comprends pas bien. J’avais besoin de quelqu’un qui m’éclaire et l’énorme vague d’enthousiasme, en se retirant, a déposé sur mon rivage un homme (…)
Nous sommes allés dans un café. Il était pâle et portait un complet bleu marine, il avait un petit air de Nouvel An — comme s’il venait de partager ses derniers sous entre le facteur et le ramoneur. Mais ce n’était pas le cas. Il était employé municipal et marié. J’ai bu du café et mangé trois parts de tarte aux noix— dont une avec de la crème, car j’avais sacrément faim — et j’étais très avide d’explications politiques. J’ai donc demandé au monsieur bleu marine et marié pourquoi ces hommes d’Etat étaient venus. Là-dessus, il se met à me raconter que sa femme a cinq ans de plus que lui. Je lui demande pourquoi on a poussé des cris en faveur de la paix, alors que nous sommes justement en temps de paix, ou du moins pas en guerre. Il me répond que j’ai des yeux comme des mûres. J’avais peur de paraître idiote mais j’ai demandé prudemment pourquoi les hommes politiques français nous avaient tellement émus du haut de leur balcon— si ça voulait dire que les gens étaient d’accord quand il y avait partout un tel enthousiasme, et si c’était bien certain qu’il n’y aurait plus jamais la guerre. Alors le monsieur bleu marine et marié me répond qu’il vient du Nord et que c’est pour ça qu’il est terriblement renfermé. Je sais d’expérience que tous ceux qui commencent par vous dire : « Moi, vous savez, je suis un être terriblement renfermé », ne le sont justement pas du tout et qu’ils vont tout vous déballer, ça ne fait jamais un pli. C’est à ce moment-là que je me suis rendu compte que la cloche à fromage de la fraternité, au-dessus de nos têtes, se soulevait peu à peu et s’éloignait de nous.
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De plus, ces élites sont littéraires, et les littéraires sont terriblement assidues quand il s’agit de café, d’échecs, de discours et autres choses de l’esprit, parce qu’ils ne veulent pas se laisser voir à eux même qu’ils sont paresseux.
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Il existe des cours pour apprendre les langues étrangères, pour apprendre à danser, pour apprendre les bonnes manières ou la cuisine. Mais il n’existe pas de cours qui vous apprennent à être seule dans des chambres meublées avec une cuvette et un broc ébréché, à être seule sans qu’aucun mot vienne vous dire qu’on se soucie de vous, sans aucun bruit.
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Quand une femme jeune et argentée épouse un homme âgé pour son fric et pour rien d’autre, qu’elle couche avec lui pendant des heures et qu’elle arbore un regard plein de piété on la considère comme un modèle de gemme allemande et de mère, c’est ce qu’on appelle une honnête femme. Quand une jeune femme sans argent couche avec un type sans argent parce qu’il a la peau lisse et qu’il lui plaît, ce n’est qu’une putain et une salope.
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On connaît ça – les hommes qui au café, avec les copains, sont aussi plein de soleil qu’un ciel d’Italie, qui sont toujours à rigoler et à amuser la galerie – ce sont les mêmes qui, une fois chez eux, dans leur famille, se montre d’une humeur tellement vinaigrée qu’il suffit de les regarder le matin après une nuit de beuverie pour faire l’économie d’un bocal de cornichons.
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Video de Irmgard Keun (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Irmgard Keun
Interview with Martina Keun-Geburtig, daughter of late Weimar author Irmgard Keun. Produced in 2011 by the German Book Office New York.
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