Venant du ciel une masse gigantesque et vibrante arrivait, battant le ciel de ses pales. Sur le corps affalé elle déposa lentement la couverture de son ombre : les jambes puis le ventre puis le buste, laissant la tête nue sous le soleil. A une dizaine de mètres au-dessus du corps, un hélicoptère rouge s’immobilisait, palpitant du mouvement rotatoire de son hélice, qui balayait de son souffle puissant les branches des arbres et agitait de vagues violentes la surface de la piscine. Les spectateurs, au sol, avaient reculé prudemment, le visage levé, une main sur la tête comme pour retenir leurs cheveux, fascinés par l’apparition, devenus indifférents au corps inerte dont les chairs aussi étaient balayées de vagues, et semblaient reprises de vie. Et c’était vrai, la vie était revenue, car éveillée peut-être par le vacarme de l’hélicoptère, la tête s’était redressée, et elle observait à présent, hagarde, l’engin formidable qui s’était figé au-dessus d’elle. Alors on vit sa porte s’ouvrir et un homme apparut.
Tout en marchant, je remarquai, sur la paroi que je longeais, l’ombre de mes jambes projetée par un spot latéral. Leur silhouette noire déroulait chaque pas avec cette amplitude démesurée qu’oblige la résistance de l’eau, captation d’une fuite au ralenti, comme dans ces rêves récurrents où je tentais de courir mais piétinais surplace, le sol se dérobant sous mes pieds.