Déjà les premiers mots russes de son passé s'apprêtent à rouler sur sa langue pour atterrir sur le papier. Son histoire. En langue russe. Telle que racontée par son père.
Celle qu'elle a si longtemps fuie, prête à la rattraper.
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Elle venait d'avoir 4 ans quand ses parents l'ont déposée, tel un gros colis encombrant, chez les petites sœurs flamandes de l'Institut Saint-Antoine de Padoue.
Curieuse de tout elle a découvert leurs sourires , leurs fines mains blanches glissant sur sa joue. Ce premier contact, tout en douceur féminine, l'a déroutée. Une sensation nouvelle, jamais vécue. Rien à voir avec la rudesse de sa mère.
Le plus surprenant n'est pas que personne n'ait pensé à lui faire porter des fleurs ou une boîte de chocolats, mais que, trois jours après l'opération au cœur, son directeur japonais soit passé avec plusieurs dossiers sous le bras.
Je vais écrire. Écrire ! Sur n’importe quoi. Quelque chose en moi en à besoin. Simplement besoin.
Tu disais que ramener à la vie un cadavre affamé est un pari contre la mort.
Tout bouge sauf moi, prisonnière de mon admiration.