Isabelle Boccon-Gibod

Ce sentiment de tension narrative affleurant sous la surface d'apparence paisible émane de chacune des photographies, mais aussi de leur mouvement d'ensemble.

Alors je cherche de bonnes situations sur le hasard et sur la justice, sur la répartition des richesses, sur l'échange et le partage. C'est difficile. (...) Une fois que j'ai mathématisé ces sujets, je veux les transposer à d'autres situations de la vie quotidienne et prouver qu'on peut raisonner de la même manière. (...) Pouvoir transposer une logique d'un contenu à un autre, aussi distincts soient-ils, c'est la force spectaculaire des mathématiques.Une bonne analogie offre cette possibilité. J'essaie d'en trouver, sans tricher - il faut que le type d'idées qui gouverne les choses reste stable.

quel regard les armes du matheux autorisent-elles sur des situations concrètes ? Comment faire en sorte que la société ait envie du regard du matheux et s'autorise à l'avoir ?

Quels liens entretiennent les membres d'une même famille, et comment l'image que nous renvoyons aux autres révèle-t-elle -ou occulte-t-elle -ces structures relationnelles ? En quoi les rôles que nous leur supposons trahissent-ils les réalités affectives et les complexité de la vie vécue ?

Plus jamais personne ne pourrait mettre un nom sur le moindre de ces visages - des visages anonymes, perdus à la postérité, comme s'il n'avait jamais été.

La science offre, sinon des certitudes, au moins une hygiène de raisonnement qui permet de faire un certain tri. Le "tout est relatif" d'Einstein, cette phrase qui a fait tant de mal, ne veut pas dire que tout est possible mais que le point de vue d'un observateur diffère du point de vue d'un autre observateur. Les scientifiques doivent créer une intelligence collective. Il y aura peut-être encore quelques Einstein (ou Poincaré ou Gauss) mais la société actuelle ne peut pas se dispenser d'une intelligence collective et je trouverais dommage qu'elle soit vide de maths.