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Citation de PatateQuiLit


Autrefois, mon père se flattait d’acheter sa poudre à perruques et son fard aux bons faiseurs ; il ignorait qu’ils y fondaient des balayures de bois vermoulu. Plus tard, comme ce fard lui racornissait la peau et n’était plus guère utilisé que par les vieux coquets royalistes ou par quelques fous suicidaires, il l’avait abandoné et remisa ses postiches dans une boîte où grouillaient la vermine et les poux.
- Je ne vais pas risquer de me faire casser la gueule en passant pour un aristo ! avait-il déclaré en rangeant ces accessoires.
- Ah, bon ? avait répliqué ma mère. Mais sans perruque poudrée, on te prendra pour un révolutionnaire !
Mon père était prompt à l’agacement, surtout lorsque sa femme le contredisait.
- Pauv’fille ! assura-t-il. Tu n’as rien compris : il vaut toujours mieux se ranger aux côtés du plus fort. Je marche à pied et non en chaise à porteurs. Je suis musicien, ma veste est lustrée aux coudes, fermée par dix boutons dont un manquant, et je rase les murs lorsque je croise une bande de jeunes pourvus d’une canne ou d’un gourdin. Je n’expose nulle part mes croyances politiques et je n’ai qu’un maître : Dieu.
- Johann, je ne te reconnais plus ! s’était-elle écriée sur un ton de désespoir. Le peuple a pété les clôtures des grandes maisons pour s’en faire des armes et on jette encore les carrosses au feu ! Tes ouailles seront bientôt tellement ruinées qu’elles s’habilleront en peaux de souris. C’est cela, que tu appelles le côté du plus fort ?
- Jusqu’à nouvel ordre, oui. Ça bâfrait sur des tables en marqueterie, mais ça pignochait le prix de mes musiques. Je suis ravi, vois-tu, qu’on crève dans les salons après avoir dépensé trente-six millions de livres pour gaver cette bande de bras cassés !
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