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Citation de zenzibar


J’étais seule, seule, dans ce coin perdu de la terre marocaine, et seule partout où j’irai, toujours…
Je n’avais pas de patrie, pas de foyer, pas de famille….J’avais passé, comme un étranger et un intrus, n’éveillant autour de moi que réprobation et éloignement.
A cette heure, je souffrais, loin de tout secours, parmi des hommes qui assistaient , impassibles, à la ruine de tout ce qui les entoure et qui se croisent les bras devant la maladie et la mort en disant : »Mektoub ! »
Sur aucun point de la terre aucun être humain ne songeait à moi et ne souffrait de ma souffrance.

Plus lucide, calmée, j’ai méprisé ma faiblesse et j’ai souri. 

 Si j’étais seule, n’était-ce pas parce que je l’avais voulu aux heures conscientes où ma pensée au-dessus des sentimentalités lâches du cœur et de la chair, également infirmes ?
Être seule, c’est être libre, et la liberté était le seul bonheur nécessaire à ma nature.
Alors, je me dis que ma solitude était un bien.

Un souffle chaud se leva vers l’Ouest, un souffle de fièvre et d’angoisse. Ma tête déjà lasse retomba sur l’oreiller ; mon corps s’anéantissait en un engourdissement presque voluptueux ; mes membres devenaient légers, comme inconsistants.
La nuit d’été, sombre et étoilée, tombait sur le désert. Mon esprit quitta mon corps et s’envola de nouveau vers les jardins enchantés et les grands bassins bleuâtres du Paradis des Eaux.

Dans la grande lassitude heureuse où je suis tombée, je n’ai plus la force de penser attentivement. Les images s’associent dans mon esprit de la façon la plus fugace.
Ce sont des frottis, des esquisses d’une légèreté diaphane ; puis, soudain, les contours se précisent, et des scènes que j’avais oubliées se gravent à l’eau forte devant mes yeux. 

(p. 200 et 201)
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