Isabelle Merlet

"Les bon dieu d'indiens !"

Ça fait sourire au début, mais à force d'entendre (ou plutôt de lire) ce genre d'expression qui parsème régulièrement les trois tomes, on finit par en rire. Et de l'humour dans cette saga, il y en a à foison.



Le premier tome est d'ailleurs le plus drôle, mais aussi le plus foutraque, dont l'action peine à décoller. Je dois admettre que j'ai commencé le tome 2 avec l'idée de lire une bd récréative, sans prise de tête. Et là, surprise ! Le ton se durcit, l'action s'emballe, on se retrouve en face d'un véritable western (plus vraiment pour rire), qui se permet même d'oser la gravité et l'émotion. Le tome 3 ne fait que confirmer cette tendance, et finit en apothéose. Comme si la loufoquerie du début servait de matière à l'évolution du genre, de l'histoire et des personnages.



Dumontheuil a frappé très fort, c'est de loin mon œuvre préférée dans ce que j'ai lu de son répertoire. Une réflexion sur la vie et les humains, avec certes beaucoup de légèreté sur la forme, mais surtout de la profondeur sur le fond.

L'impératrice Charlotte n'est pas la plus connue des têtes couronnées. Sa vie ici est romancée par Mathieu Bonhomme avec une maitrise graphique parfaite.

On explore l'histoire à travers les égos surdimensionnés des empereurs, rois et autres reines, et on voit bien bien que la réalité va au moins aussi loin dans la manipulation que les meilleures sagas de fantasy.

Hâte de lire la suite et de connaître le destin de ces personnages au coeur de la révolution mexicaine.

Le premier tome de Charlotte impératrice, intitulé La princesse et l’archiduc, s’intéresse aux jeunes années de la princesse belge. Fille de Léopold Ier, souverain de la Belgique nouvellement indépendante, Charlotte naît à Bruxelles en 1840. Sa mère meurt alors qu’elle n’a que 10 ans. Son père et ses frères s’occupent alors de lui trouver un bon parti : ce sera l’archiduc Maximilien d’Autriche. Celui-ci est le frère cadet de l’Empereur François Joseph, le mari de Sissi. Une façon pour la dynastie belge de former une alliance avec les puissants Habsbourg. Mais Maximilien se révèle très vite une déception pour la jeune ambitieuse qu’est Charlotte.



Après un court passage à la Cour de Vienne, Charlotte et Maximilien sont envoyés à Venise, où Maximilien fait office de gouverneur. Le couple est néanmoins contraint de fuir la région en 1859 suite à la défaite de Solférino contre l’armée française. Réfugiée au château de Miramare à Trieste, Charlotte s’ennuie et souffre de disputes fréquentes avec son mari. Lorsque Napoléon III, dont l’armée occupe le Mexique, propose à Maximilien de devenir empereur de ce pays nouvellement indépendant, Charlotte y voit la possibilité d’un nouveau départ. Mais ce "cadeau" est loin d’être désintéressé. Comme le résume le personnage de Charlotte dans la BD (page 60) :

Bonaparte est malin : s'il peut se réconcilier avec les Habsbourg tout en allégeant son fardeau mexicain, il fera d'une pierre deux coups.



La situation du pays est en effet très instable. Le nouvel empereur du Mexique et sa femme prennent un grand risque en acceptant cette charge car Maximilien est alors contraint de renoncer à ses droits sur la couronne autrichienne.



Charlotte impératrice fait du personnage de Charlotte une jeune femme innocente qui s’aguerrit face aux épreuves et apprend peu à peu à manipuler son mari pour arriver à ses fins. Le scénario, très dynamique, donne la part belle aux confrontations et aux jeux de pouvoir. Les nombreux gros plans sur le visage de Charlotte permette une forte identification au personnage. Les dialogues sont globalement efficaces, même si le langage est loin de refléter la pudeur et la déférence propres au XIXe siècle.



Les faits historiques sont toutefois largement respectés et l’originalité de l’album tient dans l’intégration très réussie de plusieurs passages de la correspondance entre Charlotte et son père. L’ajout de personnages fictifs permet par ailleurs de donner plus de relief aux personnages principaux,bien réels. La scène lors de laquelle le conseiller Eloin explique la situation mexicaine à Charlotte et à Maximilien est ainsi bien menée. Didactique, elle permet au lecteur de comprendre à la fois le contexte historique et les enjeux dramatiques pour les personnages.



Un bon moment de lecture et d’histoire qui donne envie de lire le tome 2, encore à paraître.



Article orginal écrit pour Le Suricate Magazine : http://www.lesuricate.org/charlotte-imperatrice-une-princesse-belge-au-mexique/
Lien : http://www.lesuricate.org/ch..

Autant vous le dire, je suis un peu partial dans ma critique. Pourquoi ? Je suis Belge et quelle joie de découvrir ici une histoire - s'inspirant de la grande Histoire, celle avec un H majuscule - relatant la vie d'une "petite" Belge. Enfin, pas si petite puisqu'elle n'est rien d'autre que la fille de notre premier Roi Léopold et de son épouse Louise, elle-même fille du roi de France Louis-Philippe 1er. Une belle lignée donc et qui ne demande qu'à se prolonger par un beau mariage. C'est ainsi que débute ce premier tome avec plusieurs prétendants qui se bousculent au portillon du Palais Royal de Bruxelles. Sans dévoiler la suite, la voilà partie pour vivre un grand destin en plein milieu des chamboulements de l'époque, prise entre l'Empire Austro-Hongrois (et une certaine Sissi) et un Napoléon III cherchant à restaurer la grandeur française par delà ses frontières. Un scénario qui ondule entre les faits historiques et l'inventivité de Fabien Nury, venant rehausser le récit de certaines anecdotes. Un auteur que j'avais déjà grandement apprécié pour sa série "Il était une fois en France" et qui prouve encore une fois son aisance à mélanger le point de vue d'un personnage et le monde qui l'entoure. Il faut dire que les dessins de Matthieu Bonhomme ("L'homme qui tua Lucky Luke") restaure à merveille le contexte de l'époque par un dessin tout en classicisme, style Second Empire épuré. Isabelle Merlet, pour sa part, lie les planches entre elles par un jeu de couleurs; accentuant de par les teintes choisies - qui varient entre le bleu foncé et le vert vif en passant par l'ocre - les émotions présentes dans les différentes scènes de vie.

Un bel ouvrage qui appelle une suite et qui tout en nous délassant, nous rend un peu moins bête et un peu plus belge (n'y voyez aucun lien de cause à effet).

Merci à Babelio et aux éditions Dargaud pour cette belle découverte !

A 16 ans, Charlotte, fille du roi Léopold 1er de Belgique, doit choisir son futur mari. Entre un roi et un archiduc, Charlotte fera la choix inverse de celui attendu, ce sera Maximilien d'Autriche, frère cadet de l’empereur François Joseph de Habsbourg-Lorraine. Tombé sous le charme de cet homme qui a su la faire rire, le mariage a lieu à Bruxelles. Malheureusement les rapports entre frères ne sont pas au beau fixe, Charlotte conçoit que sa vie ne sera pas celle rêvée, son mari n'étant point celui qu'elle avait imaginé: bon à rien et volage.

BD historique avec quelques libertés romanesques sur le destin de la princesse Charlotte de Belgique qui n'a pas pris la direction qu'elle souhaitait. Elle ne sera jamais mère puisque une maladie transmise par son époux l'en empêchera, elle ne sera pas cette impératrice tant désirée en débarquant au Mexique, pourtant elle tient son rang et son sang-froid. Mais nous n'en sommes pas encore là puisque le premier tome s'achève lors de l'arrivée des époux royaux au Mexique.



Le dessin est à la fois joyeux dans les premières planches alors que l'insouciance de Charlotte la préserve encore, mais s'assombrit au fur et à mesure qu'elle se confronte à la dure réalité.
Lien : http://stemilou.over-blog.co..

Les histoires de princesse Sissi ne me font pas rêver mais il faut bien avouer qu’avec un scénario solide et complexe, et un dessin sublime qui allie précision, finesse et cadrage percutant, les mésaventures de cette Charlotte, non seulement m’ont permis de garder les yeux ouverts mais aussi, m’ont intéressé. Elle a du caractère cette impératrice au contraire de son mari bien fade. Et le dessin est sublime… je l’ai déjà dit, Ah ? J’arrête là… je pourrai bien répéter encore une fois.

La dynastie belge n'est pas très ancienne, mais avec seulement 7 rois, autant de reines (je ne compte pas les mariages morganatiques qui pourtant réservent aussi pas mal d'anecdotes notables) et seulement une grosse quinzaine de princes et princesses, son histoire est déjà fort riche en destins tragiques.



Celui de Charlotte est de ceux-là.



Je suis Belge et l'historienne en moi a toujours eu un faible pour les trois premières générations de la dynastie. Si je dois avouer que la personnalité qui m'a toujours le plus touchée est Stéphanie (fille de Léopold II qui épousera Rodolphe, le fils de Sissi), celle de Charlotte m'est toujours apparue comme plus opaque, cette perception étant avant tout liée à la fin de sa vie…mais je prends trop d'avance sur l'Histoire.



Je suis vraiment heureuse que la vie de Charlotte ait attiré l'attention d'auteurs de BD et je suis comblée que ce soit par les auteurs de talent que sont Fabien Nury Matthieu Bonhomme et Isabelle Merlet.



Si, comme ils l'annoncent au début de l'ouvrage, certaines libertés ont été prises avec l'Histoire, cela est fait avec talent et l'histoire est très agréable à suivre. Les personnages sont attachants et très touchants. J'ai ressenti avec force qu'on peut lire dans les quelques livres qui sont consacré à la première princesse belge : une femme ambitieuse, intelligente, blessée, « border line » (pardon pour l'anachronisme) frustrée et profondément désabusée.

La relation entre Charlotte et Maximilien est parfaitement exposée et intelligemment rythmée. Ce qui s'annonce comme un conte de fée devient, par petites touches, une implacable désillusion. Je voudrais juste citer une réflexion de Maximilien qui date de l'époque de leur fiancailles (d'après André Castelot) : « Elle est petite, je suis grand, ce qui doit être. Elle est brune, je suis blond, ce qui est bien aussi. Elle est très intelligente, ce qui est un peu ennuyeux, mais sans doute en viendrai-je à bout ». le ton est donné.

Par ailleurs, j'ai trouvé très touchantes, en particulier, les scènes mettant en présence la famille de Charlotte (surtout Léopold et Philippe), il est connu que le roi adorait sa fille et j'ai trouvé que c'était parfaitement rendu. Souvent les personnages du passé nous semblent hiératiques et impersonnels et, ici, ils sont très touchants et simplement humains.



Je pourrais discourir sur chaque passage de cette BD mais je vais m'arrêter ici en vous encourageant simplement à la lire, l'objet en lui-même est très beau. le dessin est parfait avec des couleurs bien choisies et une atmosphère très bien rendue.



Petite anecdote personnelle. Il y a quelques mois, dans le cadre de ma profession, j'ai eu à travailler sur une bague ayant appartenu à Charlotte de Belgique…une bague de deuil.

J'ai trouvé cette BD riche en tout point. Malgré le fait que je n'ai pas été sensible aux planches et couleurs utilisées, elles ont tout de même bien été choisies car elles dépeignent l'ambiance générale tendue de la vie de la jeune Charlotte. Pour le coup je ne connaissais en rien l'histoire de cette impératrice, j'y ai appris de nombreuses choses d'un point de vue politique, familiale et historique. J'ai trouvée là, une femme délicate, forte et touchante, chose que je n'ai pas retrouvée avec le personnage d'Elizabeth alias Sissi. Le personnage de l'archiduc est complexe, je ne saurai dire si je l'apprécie ou non, tantôt charmeur et honnête, tantôt méprisant et fier, il a été difficile de savoir vraiment ce qu'il attendait de sa vie conjugale et politique. Cela dit, cela n'enlève en rien la beauté de l'histoire, qui malgré sa complexité, est bien détaillée et expliquée. J'ai beaucoup aimé ce récit et le type d'écriture. L'échange de lettres d'un point de vue graphique est très plaisant et les liens unissant Charlotte à sa famille m'ont beaucoup touché.

Charlotte Impératrice en trois dates ;

- 1850 : elle a dix ans et vient de perdre sa mère, une partie de son monde s'écroule déjà.

- 1856 : à 16 ans elle rencontre l'archiduc Maximilien de Habsbourg, un peu pédant, un peu goujat, mais amusant, et prétendant en titre selon les désirs de leurs familles respectives, alors qu'elle-même se voyait déjà au bras de son cousin Pedro du Portugal.

- 1857 : elle a tout juste dix-sept ans quant elle épouse Maximilien qui outre son idéalisme politique, se révèle être un piètre mari, lunatique et passablement buveur et fêtard.



Mais qui sont Charlotte et Maximilien ?

Elle, princesse de Belgique, fille de Léopold 1er, princesse de Saxe-Cobourg-Gotha, et petite-fille de Louis-Philippe 1er, roi des Français.

Lui, Ferdinand-Maximilien d'Autriche, frère de François-Joseph, Empereur d'Autriche, et donc beau-frère d'Élisabeth de Bavière, plus connue sous le nom de Sissi Impératrice.

Après leur mariage, Charlotte et Maximilien vont être poussés très vite vers la politique et le pouvoir, et, grâce à (ou à cause de) Napoléon III, vont devenir Impératrice et Empereur du Mexique de 1864 à 1867.



Jusqu'à la réception de cet album grâce à Babelio et aux Éditions Dargaud, que je remercie pour leur confiance, je n'avais jamais entendu parler ni de l'une ni de l'autre, l'histoire des familles régnantes d'Europe depuis trois siècles et les cousinages entre chacun de ses membres étant tellement compliqués, que ne m'y intéressais que de très loin, sauf lors de mariage ou d'obsèques de têtes couronnées connues. N'est pas Stéphane Bern ou Franck Ferrand qui veut !



Cependant, dès que j'ai eu l'album en main j'ai été littéralement conquis par la qualité de dette bande dessinée.

La présentation tout d'abord, belle couverture, papier de qualité, dessin très précis, expressif, une mise en page et des couleurs impeccables ; la double-page 20/21 du mariage, casse la mise en place traditionnelle et rectiligne, et les couleurs bien que faites à l'ordinateur sont très fraîches. Les costumes et arrières plans sont soignés et les expressions des visages très réalistes.

Côté scénario le découpage est intéressant et bien que n'ayant pas personnellement de références historiques solides, je veux croire que les faits relatés reposent sur une documentation sérieuse, d'ailleurs en début d'album, un avertissement de la main des auteurs, place tout de suite l'histoire dans le domaine de la fiction afin que d'éventuels “historio-chipoteurs” n'aient pas matière à controverse.



J'ai entendu beaucoup de compliments sur différents supports médiatiques, journaux, magazines spécialisés ou pas, et radio, (RTL en a fait son album de BD de l'été, entre autres), et je partage tout à fait l'engouement autour de ce très intéressant album, nouveau venu sur la planète BD, premier tome qui en appelle un ou plusieurs autres et je serai certainement fidèle à Charlotte si les suites sont de qualité égale.



Une vraie réussite.

Grâce à Masse Critique, j'ai eu l'opportunité de lire "Charlotte impératrice".

A l'occasion de ce premier tome, nous suivons Charlotte, princesse belge du XIXème siècle, du moment de son choix entre deux prétendants : Pierre V du Portugal et l'Archiduc Maximilien d'Autriche, à la désillusion de son mariage et son arrivée au Mexique. C'est un point d'histoire que je connais mal mais qui suscite mon intérêt. C'est pourquoi, j'ai été très curieuse de cette bande dessinée.

Ma première pensée lorsque j'ai reçu cet ouvrage concernait les dessins. En effet, je les trouve très beaux et j'ai rapidement remarqué et retenu certains points de vue que je trouve atypiques et très sympas. Ensuite, j'ai bien apprécié la mise en couleur. Ce premier point a rendu la lecture très agréable.

Ensuite, concernant l'histoire, je l'ai trouvée intéressante. Tout d'abord, la progression de la relation entre le couple Charlotte / Maximilien est bien menée. Des débuts, jusqu'à la désillusion, nous les suivons pas à pas et sommes pris à témoins de cette évolution. De plus, ce récit possède un certain intérêt pour son contexte historique. Nous prenons connaissance du jeu politique qui s'effectue lors de cette période et des alliances qui sont en place. Par ailleurs, nous remarquons que la princesse Charlotte évolue. D'une jeune fille innocente, nous la découvrons à la fin de cet album un peu plus calculatrice. Enfin, parce que nous découvrons l'impératrice "Sissi" sous un autre angle. Loin d'être cette jeune femme connue dans les films, ici elle est froide, avec un caractère impérieux.

Pour finir, j'ai bien apprécié la lecture de ce tome. Cependant, j'ai n'ai pas été captivée au point de vouloir lire la suite. J'ai un peu de mal à mettre un mot sur mon ressenti, mais je dirai que cet album est assez descriptif.

Je tiens cependant à remercier les Editions Dargaud pour m'avoir permis de découvrir cette bande dessinée.

D'abord, merci aux Editions du Lombard et à Babelio pour cette Masse critique "sur invitation"... Je me suis régalé. Le petit carton manuscrit glissé dans la première page de couverture m'invitait à livre les (més)aventures de Charlotte... Et en effet, on n'est pas déçu.



En citoyen belge (c'est noté sur ma carte d'identité), je n'ignore pas une partie de la destinée de cette princesse de Belgique, mais c'est souvent les événements mexicains dont il est fait état. Or, ici, Fabien Nuty et Matthieu Bonhomme démarrent alors que Charlote a 16 ans et se choisit un époux. C'est assez rare à l'époque. Et même si on va âprement discuter la dot entre avocats.



Il faut quand même signaler qu'à l'époque, le roi Léopold 1er, père de Charlotte (dont les prénoms complets sont "Marie Charlotte Amélie Auguste Victoire Clémentine"), aurait préféré marié Charlotte à Pierre du Portugal, est bien mis avec l'Angleterre et la Russie, a combattu Napoléon, est un chef de guerre, régnant sur un état bricolé au lendemain de la défaite de Waterloo, mais revêtant une importance stratégique pour la paix en Europe. Mais il peut aussi faire fi de tout protocole... on va le constater.



Il apparaît rapidement que son mari, Fernand-Maximillien, archiduc d'Autriche, est un noveur fini, ivrogne, aimant la bonne chère et les femmes (les autres). Sachant sa fille malheureuse et la risée du gotha européen, Léopold 1er va envoyer son fils accompagné de son homme de main rosser Maxiimillien et son compagnon de beuverie.



Hélas pour Charlotte, son mari est "plombé" des suites d'une MST, qui le rend stérile et contagieux. A vingt ans, Charlotte sait donc qu'elle n'aura pas d'enfant de son mari, et que celui-ci est plutôt soumis à son frère, l'empereur François-Joseph. Fabien Nury en dresse un portrait plutôt négatif, alors qu'il semble que Maximillien était assez compétent. Charlotte décide alors de prendre les choses en main... pour le meilleur et le pire. On découvre au passage une Sissi bien éloignée du cliché Romy Schneider. On dévoile les arrangements diplomatiques, les imbroglio de l'époque où les familles royales sont soumises aux lobbys des banques (déjà...).



Le tome s'arrête quand une délégation mexicaine vient persuader Maximillien de devenir empereur du Mexique. Pour les deux époux voulant briller mais condamnés à demeurer des personnes vivant "dans l'ombre des puissants", l'occasion est trop belle.



On sait Fabien Nury à l'aise avec les histoires dans l'Histoire. Il le prouve de nouveau avec cette interprétation du destin de Charlotte. Il mélange astucieusement le quotidien et les enjeux des Etats. Il intègre les rouages européens aux ambitions de deux époux que tout aurait dû séparer.



Les dessins de Matthieu Bonhomme font mouche, avec ce petit côté faussement surranné, rétro qui va très bien avec le sujet. Le trait est sûr, la mise en couleur impeccable. En compulsant photographies et tableaux de l'époque, on peut constater l'habileté de Bonhomme à croquer les puissants. Léopold 1er est criant de vérité. Son air sévère, sa majesté. Idem pour Maximillien. Un série qui s'annonce courte, à suivre.

Merci à Babelio et aux éditions Dargaud pour m'avoir permis de découvrir cet album de BD au travers d'une opération masse critique. Les auteurs ne sont pas des inconnus. Le scénariste a déjà plusieurs séries à son actif : le très bon "Il était une fois en France", "Katanga" , "silas Corey"... Le dessinateur a quant à lui dans ses oeuvres précédentes un lucky luke que je n'ai pas lu mais qui avait été très apprécié.

Pour cet album, ils ont choisi le destin de Charlotte, fille du roi des Belges et mariée à un Habsbourg, qui deviendra impératrice du Mexique. Quand on connaît l'histoire on se dit que c'est un excellent choix, tant ce destin est marqué au sceau de la tragédie avec ce qu'il faut d'épique pour en faire un scénario rêvé. Et je dois dire que l'auteur ne gâche en rien cette histoire en adoptant dans ce premier album centré sur les affres de la vie de cour, un rythme de narration qui permet de passer en revue des épisodes clés de l'héroïne sans pour autant brusquer le lecteur. La trame politique et les intrigues entre grands dirigeants, voire les manipulations sont très bien restitués.

Pour ce qui est du dessin : il dénote un peu de ce que l'on trouve traditionnellement dans l'école franco-belge et en ligne claire. Les traits de caractères principaux des personnages sont bien restitués avec un Maximilien dont l'attitude traduit bien l'égocentrisme et la suffisance au travers de son regard hautain. Les expressions de Charlotte traduisent sa jeunesse et sa naïveté. Par contre, je trouve le personnage de Maximilien toujours un peu figé dans la même attitude alors que les traits de Charlotte sont un plus changeants. J'ai trouvé quelques planches vraiment très réussies comme la scène avec Charlotte et le papillon, celles du mariage, la découverte de la Lombardie ou encore l'échange de regard entre l'Empereur et son frère qui en dit beaucoup plus long que trente pages de texte.

La mise en couleur dans des tons verts pour des scènes souvent plus tristes (couleur assez froide) ou orange donne un côté un peu rétro à la BD, mais je trouve pour ma part que cette mise en couleur écrase un peu le décor qui mérité pourtant que l'on y prête attention. Je dois dire que j'ai été déçu par la qualité du papier qui fait un peu buveur d'encre comme dans les anciennes BD de Mickey, mais c'est là aussi sans aucun doute un choix éditorial pour donner à l'oeuvre un côté encore plus rétro.

On ne s'ennuie pas du tout à découvrir les théâtres que sont les cours d'Europe à l'époque, ainsi que le destin de cette jeune femme qui pensait faire un mariage d'amour pour se retrouver au final avec un mari inconsistant et égocentrique qui n'a rien pour attirer l'attention et dont les règles de vie du gentelman ne servent probablement qu'à cacher cette inconsistance. Le personnage de Sissi vient casser les clichés que l'on a tous sur le personnage : ici : quelle dureté d'âme, quelle peau de vache ! Là encore le trait parvient à résumer la personnalité.

Au total l'ambiance est très Visconti et m'a rappelé le Guépard. Je ne suis pas fan de tous les choix éditoriaux, mais je dois reconnaître que c'est diablement efficace et que rien que pour le scénario, cette BD vaut vraiment le coup d'être découverte.

Je me suis lancée dans cette lecture sans trop savoir à quoi m'attendre, et au final je l'ai lu d'une traite, totalement prise par l'histoire de Charlotte.

J'avoue que c'est un personnage de l'Histoire que je ne connaissais pas. Je ne me souviens même pas si elle était mentionnée dans la biographie de Sissi que j'ai lu.

Les illustrations et couleurs ont un côté rétro, qui m'ont un peu surprises au début, mais je m'y suis vite faites, et je trouve même que cela colle plutôt bien avec l'époque de la BD.

Quelques changements de scènes/périodes n'étaient pas forcément évidents, et comme je l'ai lu ailleurs, quelques polices choisies pour les lettres n'étaient pas toujours faciles à déchiffrer, mais ceux sont vraiment des détails.

J'ai été prise par ma lecture et je n'ai posé le livre qu'une fois le tome terminé. Lorsque les tourments de Charlotte débutent, on veut suivre avec elles les péripéties et rebondissements suivants. C'est très prenant, et je vais d'ailleurs aller regarder de plus près ce qui arrive ensuite à Charlotte, en attendant le tome 2 que j'achèterai probablement.

C'est intéressant de suivre un autre personnage de la famille Habsbourg à l'époque de Sissi, et de la voir apparaître, d'ailleurs, dans un si mauvais rôle, c'est presque perturbant.



Pour les amateurs d'Histoire, une lecture instructive, intéressante et plaisante. Merci à Babelio et aux éditions Dargaud pour ce livre.

Voici une bande dessinée qui me faisait envie depuis de nombreux mois. Grâce à mon récent abonnement à Izneo, plateforme dédiée à la lecture en ligne de BD, manga et autres, j’ai enfin pu me plonger dans cette histoire qui s’annonce passionnante dès les premières cases. Charlotte de Belgique est l’enfant choyé et protégé du clan. Ses deux grands frères veillent de loin ou de près sur leur petite sœur et leur père n’est pas en reste.

Orpheline de sa maman, elle s’épanouit au cœur de cette société souvent misogyne. Son éducation n’est pas mis de côté ainsi elle peut débattre de longues heures durant sur divers sujets. Vient l’âge de se marier et on lui laisse la possibilité de choisir son futur époux parmi les prétendants qui se présentent. Alors que la première rencontre est quelque peu chaotique, contre toute attente elle lie une véritable relation de confiance et de partage avec l’Archiduc Maximilien d’Autriche, frère de l’Empereur François Joseph et beau frère de Sissi. Un mariage époustouflant et magnifique prémices d’une vie qui ne pourra être que somptueuse. Pourtant rapidement tout dérape. Les conflits intestinaux entre l’empereur Napoléon III et les Habsbourg, empereur d’Autriche montent crescendo et plongent Maximilien et Charlotte au cœur d’un complot. C’est alors que Max retombe dans ses travers. L’alcool, le sexe, les jeux le poussent à négliger les affaires en cours. Totalement désemparée Charlotte est avachie par les mauvaises nouvelles qui s’accumulent. Tandis que le silence de cette dernière surprend sa famille, les frères décident de se rendre sur le lieux de résidence du couple et découvre l’effroyable situation. C’est ainsi que Charlotte se ressaisit et prend les choses en main. Une femme téméraire et déterminée qui n’hésitera pas à comploter.





Ce récit historique retrace avec beaucoup de détails et une pointe de fiction une période riche en rebondissements. Un scénario hallucinant. Si dans un premier temps j’étais persuadée qu’il s’agissait d’une fiction, j’ai été heureuse de découvrir que les faits relatés étaient le miroir de faits historiques. Les illustrations sont parfois sombres mais révèlent de nombreux détails : les tenues riches, les palais magnifiques. Les émotions des personnages sont teintés à la fois par la douleur et le découragement. Les traits de Charlotte s’affirment mettant en avant cette femme qui prend en main son destin et celui de son époux. Une bande dessinée que j’ai dévoré avec envie ! Une immersion réussie !
Lien : https://lesmisschocolatinebo..

Charlotte est fille du roi des belges Léopold 1e, élevée et chérie par lui depuis qu'il est veuf. Il lui faut un parti digne de son rang et elle choisit Maximilien, frère de l'empereur d'Autriche François-Joseph.

Mais cette union avec un homme décevant et faible va se révéler pleine de chausse-trappes...



Pour nous la détailler, le trio de choc Nury (scénar)/Bonhomme(dessin) et Merlet(couleur) font le choix de coller d'assez près au réel, il en résulte un récit presque historique.

Et donc, si comme moi on est un peu nul en histoire, en trois tomes on apprend des choses sur les magouilles coloniales des empires européens en Amérique du sud en cette fin du 19e, et sur la présence franco-belge au Mexique notamment. Intéressant !

Mais surtout on s'attache à une personnalité peu connue, Charlotte se révélant non seulement agréable à regarder mais complexe et fine. Et ce qui ne gâche rien, la ligne claire fluide, la mise en couleur tonique, le déroulé des quelques péripéties, tout cela fait que malgré un début relativement plan-plan on s'immerge assez vite et qu'on referme le dernier tome en espérant une suite rapide.

Toujours le même problème avec les séries !

C’est avant tout le nom de Nury qui m’a donné envie de me pencher sur ce titre. Nury est un très bon scénariste qui a déjà quelques perles à son actif. Le voir s’attaquer à la bio d’un personnage historique fascinant mais méconnu piquait ma curiosité. J’espérais simplement que les auteurs feraient preuve d’audace que ce soit narrativement ou visuellement. Promesses tenues. Ce 1er volet de « Charlotte impératrice » est une véritable réussite.



Le scénario, s’il n’échappe pas à une construction chronologique très classique, est parfaitement construit et mené. Les ellipses sont judicieusement placées et l’auteur a un joli sens de l’économie. Pas besoin de longs discours, l’auteur est capable de dire beaucoup en quelques cases.

Le dessin de Matthieu Bonhomme (à qui je vais m’intéresser plus avant) est en parfaite adéquation avec le scénario et l’accompagne, le met en valeur avec simplicité et élégance. L’impact n’en est que plus grand. Le découpage et la mise en scène sont très efficaces et la colorisation d’Isabelle Merlet est parfaite, intelligente et belle.



Bref, un 1er tome superbe qui mérite tout à fait le consensus dont il semble faire l’objet.

Lorsque j'ai eu l'opportunité de recevoir cet album via une opération Masse critique, en voyant la couverture j'étais relativement circonspect. Les histoires se déroulant dans la seconde moitié du XIXe s. sur fond d'empire austro-hongrois ou de Prusse m'ont toujours ennuyé au plus haut point. Question d'ambiance (exception qui confirme la règle toutefois : la formidable série "Le Château dans les étoiles"). Et puis j'ai regardé les auteurs. Fabien Nury ("Il était une fois en France", "Tyler Cross", "Atar Gull", "La mort de Staline"...) : mon intérêt a commencé à sérieusement poindre le bout de son nez. Mathieu Bonhomme ensuite ("Messire Guillaume", "L'homme qui tua Lucky Luke") : OK c'était bon, je voulais lire cette BD (Merci donc à Dargaud pour l'envoi grâce à cette OP Masse critique). Je ne connaissais pas le travail de la coloriste, c'était l'occasion de le découvrir. Ce premier tome, comme tout premier tome qui se respecte, pose le cadre, les personnages, leurs caractères et les jalons pour la suite. Tout est bien fait, avec notamment une première scène excellemment mise en image à hauteur d'enfant. L'évolution de la personnalité de Charlotte est restituée par petites touches successives, de l'euphorie des débuts à la désillusion et au désir de revanche sur son destin, jusqu'ici subi, à la fin. Le dessin est beau, permettant une bonne immersion dans l'époque. J'ai été moins convaincu par la mise en couleur avec une approche un peu trop à plat à mon goût qui fait perdre du relief au dessin. Malgré des qualités que je reconnais donc bien volontiers, j'ai eu du mal à avoir de l'empathie pour Charlotte et m'intéresser réellement à elle. Les personnages et le milieu qui l'entourent sont assez peu reluisants et ce qu'elle donne à voir d'elle-même n'est pour l'instant finalement pas vraiment plus emballant. Je n'ai donc pas fermé le tome en me disant "vivement la suite !". Je reste curieux de voir comment les auteurs vont faire évoluer les choses mais pas impatient. A voir donc dans le prochain tome si cette série réussit à m'embarquer.

Un très bel ouvrage, le graphisme est réellement très soigné, les planches sont magnifiques, l'histoire narrée est très bien racontée et semble très réaliste !

C'est une magnifique découverte !



Petit point, il ne vaut probablement mieux pas le mettre dans les mains des plus jeunes. Mais c'est une BD géniale.

Ce premier tome de la série Charlotte impératrice, intitulé La princesse et l’archiduc, nous raconte l’histoire du mariage malheureux de Charlotte de Belgique et Maximilien d’Autriche.

Avec Fabien Nury au scénario, nous sommes sur une valeur sûre en matière de BD historique, d’autant plus qu’il s’appuie sur un épisode qui a du potentiel (en effet, Maximilien, le frère de François-Joseph, va être appelé sur le trône du Mexique par Napoléon III).

Mais ce qui fait de cet album une petite pépite, ce sont les dessins de Mathieu Bonhomme mis en couleur par Isabelle Merlet, dont la couverture donne un bel aperçu.

En toute humilité, je dois avouer ne pas avoir possédé les bases historiques suffisantes pour apprécier ce récit à sa juste valeur.



J'ai toutefois bien aimé le dessin un peu rétro, et surtout le personnage de Charlotte de Belgique, jeune femme moderne, au caractère affirmé, mais dont l'union avec l'archiduc Maximilien d'Autriche ne vas pas se révéler heureuse, du fait notamment de la personnalité à la fois faible et frivole de Maximilien. Ils vont en outre se retrouver ballotés au gré d'enjeux politiques qui les dépassent, manipulés par des dirigeants (l'empereur François Joseph et Napoléon III) bien plus cyniques qu'eux. Une destinée guère brillante donc...