En somme, il s'était laissé gagner par la fièvre des conteurs qui jamais ne savent quelles histoires sont les plus belles : celles qu'ils ont réellement vécues et dont l'évocation ramène tout un océan d'heures passées, de sentiments délicats - félicités, dégoûts, incertitudes, vanités, écoeurement de soi-même ; ou bien celles qu'on invente, qu'on taille à larges pans, où tout semble facile, mais qui, au fur et à mesure qu'on brode, ramènent - inexorablement - à ce qu'on a vécu ou rencontré.
Chapitre 16, p. 223