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Bibliographie de J. Loriac   (1)Voir plus

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Pauvre Katioucha ! Le ciel lui réservait un amour qui sera le malheur de sa vie. (Résurrection)

Quand elle est loin des regards, des larmes qu'elle ne comprend pas montent à ses yeux !
Ainsi est la gentille Maria Alexandrovna qui a épousé son tuteur Serge Milhaïlitch.
Maria a épousé l'homme qu'elle aime -N'est-ce-pas de lui-même que parle Tolstoï ? Ils vivent ensemble à la campagne : mais malgré son amour, malgré son bonheur, malgré toute la tendresse dont elle est entourée, malgré le confort de son existence, Maria s'ennuie. Une lassitude mystérieuse s'infiltre en son coeur. Il y a en elle une inquiétude morale poignante.
Peut-être l'excès d'un bonheur sans désirs :
"J'étais heureuse ; il me semblait que tout ce qui était devait être, et que tout le monde était comme nous.
"Cependant j'avais souvent comme une idée vague qu'i =l devait exister quelque part un autre bonheur pas plus grand, peut-être, mais différent.
"L'hiver arriva et, quoique mon mari fût auprès de moi, je commençai à ressentir comme le sentiment de la solitude.
"Je crois m'apercevoir que la vie se répète, mais ne change pas et que non seulement il n'y a rien de nouveau en nous, mais qu'au contraire nous retournons sans cesse aux sensations déjà vécues."
(Deuxième partie de Bonheur Conjugal)

N'est-ce-pas de lui-même que parle Tolstoï, s'interroge Loriac
Oui c'est bien ce qui me semblait ! Bonheur conjugal a été inspiré par son amour pour Melle Valéria Arsenieva, une voisine noble qui fréquentait le monde. L'entourage a considéré pendant un temps qu'ils étaient officiellement fiancés, la relation était assidue, mais Tolstoï qui ne devait pas l'aimer éperdument, en tout cas suffisamment pour une relation durable, a fait une chose qui n'était pas bien, il s'est mis en tête d'inspirer l'amour et a abusé de la patience de Valéria qui était amoureuse. Une correspondance assez fournie en atteste. On peut se demander parfois si là aussi il n'était pas en train de se mettre en scène pour pouvoir raconter ensuite son idylle dans le Bonheur conjugal, car la chose essentielle pour lui était sa littérature et il était hors de question qu'il fasse des concessions à un amour qui n'était que superficiel de sa part. C'eût été une chose scandaleuse s'il n'avait pas, très vite après, jugé sa conduite par une réprobation radicale.
A la publication du Bonheur conjugal, l'auteur ne fit aucune publicité pour sa vulgarisation et annonça même qu'il cessait d'écrire ce genre de distractions stupides. L'accueil du roman fut ainsi à la mesure de ce qu'il espérait: il ne fit pas les foules s'emballer. Il est vrai aussi que les frasques de Tolstoï commençaient à lasser un peu son public qui le trouvait décidément imprévisible. Et l'actualité rattrapa cette déconvenue : nous sommes en 1857, Tolstoï décida de partir à l'étranger se refaire les idées en quelque sorte. Autre chose de notable et cet épisode du Bonheur conjugal en fermera la boucle : l'écrivain Tolstoï découpera sa vie comme suit : 1/ l'enfance, une enfance heureuse, choyée, malgré la perte précoce de ses parents. 2/ Une période trouble, agitée, dissolue, dira-t-il jusqu'à l'âge de 30 ans pour laquelle il formule des regrets, etc ..

Alors voilà une ironie de l'histoire, nous sommes en présence d'un petit chef d'oeuvre avec une analyse sentimentale de premier plan et qui pâtit de l'ombre de l'auteur sur sa propre création. Ce qui explique en partie sûrement pourquoi cette oeuvre est restée en deçà de sa production en termes d'impact.
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"Peut-être a-t-il raison, mais j'ai raison, moi aussi lorsque je sens que je meurs d' ennui, que tout est sourd ici et que je veux vivre et me mouvoir, agir et non moisir sur place et sentir que le temps passe sans rien apporter de nouveau. Je veux aller en avant ! Je veux, je désire la vie. Tout est entre ses mains ! Non, il ne me faut pas exactement la ville, il faut aussi qu'il devienne plus confiant avec moi, qu'il cesse de vouloir paraître plus qu'il n'est réellement !
Refoulant des larmes amères, je sentais que je lui en voulais sans savoir pourquoi ."

Et ce sera dit Liriac une question et ce sera l'orage ; la créature nouvelle qui se dérobait encore, un peu honteuse d'elle-même, sera subitement révélée et déchaînée.
Et ce sera la première souffrance au coeur du confiant mari, le premier signe du danger qui guette tous les bonheurs.
"Qu'as-tu, Macha ? qu'as-tu contre moi ? Ne réponds pas tout de suite, réfléchis bien et dis-moi tout. Tu as quelque chose dans ton coeur."

Il y a comme ça des pages admirables analysées, décortiquées par Liriac du drame qui se joue chez ce couple Macha-Serguéï du Bonheur conjugal. Il est rare de lire des commentaires sur le Bonheur conjugal. Une des raisons en est que Tolstoï a répudié ce roman qui s'inspire d'une idylle qu'il a eue avec Valéria Arséniéva, une jeune fille de son rang et de sa région avant son mariage avec Sophie. Elle l'aimait , lui s'amusait avec et n'entendait pas prolonger cette relation. Il a tiré prétexte de cela pour en faire un roman sur un amour qui se fissure au fil des années.
Je pense que Liriac prend trop au pied de la lettre cette histoire pour juger son auteur, histoire qui même si elle a un fond de vérité n'en reste pas moins une fiction.

Il y a chez ce couple une différence d'âge notable, Macha n'est pas habituée à la vie à la campagne et s'y ennuie au bout d'un certain temps, Sergueï lui est attaché à la campagne et juge sévèrement les excès de la ville. Macha veut vivre sa vie, une vie "vivante", dynamique, changeante, se faire des folies ; lui Sergueï ne veut rien changer à ses habitudes de vieux garçon et pense qu'il fait ce qu'il faut pour assurer le bonheur de sa femme, le couple s'est installé dans la belle demeure familiale de Sergueï et leur vie à tous deux ressemble à s'y tromper à celle que menait Sergueî avant mariage.

Ben ben ça ne peut pas marcher comme ça, il faut que chacun fasse un pas l'un vers l'autre. L'amour rayonnant du début de la relation commence à s'user, alors on commence déjà à regretter les premières amours, sauf que l'amour n'est pas éternel !..Lorsque Sergueï propose à Macha des sorties dans le monde à Saint-Pétersbourg pour calmer pense-t-il les attentes de sa femme, d'abord elle est interloquée, et lui de ce fait prend ses distances. Ce bonheur radieux désiré de Macha va y trouver son compte dans un premier temps, elle va cultiver de nouvelles relations mais va très vite s'apercevoir qu'il y a un oublié dans l'histoire, c'est son mari qui semble se détacher de tout et qui devient même parfois désagréable, un peu jaloux.

Bon d'abord on peut se demander si ce couple ne s'est pas forgé sur des bases illusoires, et deux, si un jour Sergueî s'est demandé si sa femme avait le droit à une vie aussi avec ses aspirations propres ou qu'elle existait tout simplement !........
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N'est-ce pas de lui-même dont parle Tolstoï ? s'interroge Liriac. Suite ..

Dans sa correspondance de fin avril au 3 mai 1859 : Tolstoï écrit ceci à sa tante la Comtesse Alexandra, attachée à la cour impériale, confidente et amie très chère :
"Encore un malheur chez moi : quand je suis arrivé à la campagne, et que j'ai relu mon "Anna", (qui n'est autre que Maria du Bonheur conjugal), elle m'a paru une vilenie tellement honteuse que je ne puis revenir de ma confusion. Je crois que je n'écrirai jamais plus, mais hélas elle est déjà imprimée.
Il ajoute dans son journal du 3 mai 1859 : "Reçu Bonheur conjugal. C'est un honteux déchet"

Tolstoï tenta ensuite d'en arrêter la diffusion. Son éditeur Botkine lui répondit qu'il avait tort de penser cela, qu'il trouvait au contraire que l'oeuvre avait un attrait dramatique, que c'était une étude psychologique excellente.

Je pense comme l'éditeur et que dans le fond peu importe ce qu'il l'avait fait naître, mais bien sûr Tolstoï en faisait une autre lecture, la conduite vile qu'il avait eue avec Valéria. L'un voyait la qualité intrinsèque du livre, l'autre y voyait le reflet de ses propres turpitudes.

Ce qui tend à prouver que non seulement Tolstoï était très attaché à donner de la vraisemblance au récit, on ne peut pas dire qu'on ne l'avait pas ici, mais était aussi sensible à faire oeuvre réparatrice et rapporter de sa propre vie une vérité sublimée à la mesure d' élans du coeur et de l'âme sincères. Et là tel n'était pas le cas selon lui et il répudie ainsi son oeuvre
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