Elle se rapprocha de lui, se mit à portée du geste qu’elle attendait comme une étincelle, pour allumer le feu. Il lui prit la main dans la sienne. Ce fut comme le craquement d’une allumette. La petite flamme jaillit, leurs bouches furent happées par le désir.
Ils se retrouvèrent enlacés sur la moquette, à re-cherche du grand frisson, livrés tout entiers à la force irrésistible de l’amour. Ils furent emportés par l’ivresse qui galvanise l’âme et le corps, donnant un sens à l’existence, par le sentiment fugace de l’infini ramassé au fond de leurs soupirs. Ils se croyaient au début d’une liaison prometteuse. Une perspective nouvelle s’ouvrait sur l’avenir, ils apercevaient un pont jeté au-dessus d’une mer houleuse, menant à l’île du bonheur si longuement rêvée, et ils fermaient les yeux aux obstacles incontournables qui ne manqueraient pas de se dresser sur leur chemin.
L’eau du ruisseau était limpide, son lit, dépourvu de cavités obscures. D’un simple coup d’œil, il comprit qu’il lui faudrait poursuivre sa quête sur l’autre berge. Le portefeuille était bien en vue sur le parterre de fleurs sauvages ; aussi, après quelques minutes de recherche, il dénicha les clés dans une touffe d’herbe. Quant au portable, il eut beau ratisser des yeux le périmètre où il supputait qu’il avait dû glisser hors de sa poche, il n’en voyait pas la moindre trace. Il n’était pas question pour lui d'aller fouiller le talus, nu-pieds ; il préféra abandonner l’appareil dans la nature. Après tout, comme au bon vieux temps, il n’avait qu’à se débrouiller sans ce joujou de poche, qui avait une fâcheuse tendance à se rendre indispensable, un peu comme la béquille d’un éclopé.