J’aimerais, ce soir…
J’aimerais, ce soir, ne pas haïr
ne pas charger mon front de nuages sombres.
Je voudrais que mon regard fût plus clair
et pouvoir le poser, calme, sur le lointain...
Il doit être si beau de pouvoir dire :
« Je crois à ce qui existe et même à ce qui peut-être n’existe pas
aux choses qui peuvent me sauver, même si j’ignore leur nom :
je connais le fruit doré de la joie. »
Ce soir, j’aimerais ne pas haïr,
me sentir léger, chantant, être le vent qui berce les épis.
Je regarde au couchant : vers la nuit s’attardent les chemins,
ces chemins qui offrent leur fatigue à la nuit,
s’enfoncent dans l’ombre pour rêver en son noir mensonge.
//José Hierro (1922 – 2002)