L’État moderne n’a pas d’autres leviers que de renforcer la coercition et d’asservir plus profondément l’individu à la société, de produire toujours plus de normes et de dispositifs de traçabilité, de continuer la course frénétique au progrès et d’attendre de l’innovation une hypothétique solution.
Il serait faux d’associer sans réserves anarchisme et préservation des possibilités d’existence libre et saine sur la planète. L’anarchisme n’est pas homogène ni sans histoire. Il est parfois tombé dans des travers résolument productivistes. Et comme par hasard, ce goût pour la discipline du travail à la chaîne s’accompagnait du goût du pouvoir… Il persiste aujourd’hui ici et là des positions technophiles, particulièrement autour des nouvelles technologies. Il n’en reste pas moins que l’anarchisme conséquent porte une conflictualité contre toute forme d’autorité, donc aussi contre l’industrialisation et la technologisation et toutes leurs conséquences.
Les écolocrates, ces écolos qui ont réussi et investi les strapontins du pouvoir, nous culpabilisent de vivre dans un monde que nous n’avons pas choisi. Ils et elles masquent au même moment que les ravages sont d’abord le fruit de l’industrie et des transports de marchandises, tandis que nos comportements sont pris dans un système de contraintes qui débute avec le réveil qui sonne pour aller bosser ou partir à l’école.
Le but des activités anarchistes n’est pas seulement de saper les bases de l’ordre existant, d’affermir les consciences et de développer l’auto-organisation des classes exploitées et opprimées. Il est aussi de favoriser le fait de vivre autant que possible en anarchiste ici et maintenant, en refusant de renvoyer tant la révolte que la liberté et l’entraide dans un futur lointain et incertain.
L’écologie de Parti apparaît toujours plus clairement pour ce qu’elle est : une idéologie de classe capable de rénover un ordre social au profit de quelques-uns et unes. Ce n’est pas pour rien que les meilleurs scores électoraux d’Europe-Écologie les Verts se font dans la ville des cadres et des ingénieurs de Grenoble ou dans la ville bourgeoise de Paris.
Une position anarchiste vise d’abord à agir sur les racines du problème autant social que sanitaire ou environnemental, et donc à attaquer les dirigeants et dirigeantes et leurs appuis, les infrastructures matérielles, les institutions et les entreprises à la base du progrès dévastateur, toujours dans le but d’élargir la pratique de la liberté.
Plus grand monde ne regrette aujourd’hui l’Ancien régime ou ne met en cause la petite minorité agissante qui a attaqué la Bastille en 1789, lançant des hostilités qui auront de grandes répercussions. Ce n’est pas le “peuple“ qui s’est emparé de cette taule, mais un groupe de personnes déterminées à agir. Une bande de casseurs, en somme.
Le développement des machines ne peut que renforcer les dispositifs de contrôle et de sécurité, contradictoires avec les aspirations à la liberté et l’indépendance, mais aussi à l’extension de l’ingéniosité et de l’initiative à la base de l’anarchie.
Élisée Reclus dénonce la brutalité avec laquelle le capitalisme industriel prend possession de la Terre.
La cogestion du désastre, Europe Écologie les Verts en a fait un principe.