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Citation de AngelineBailleul


"Pourtant, au fil des heures passées ensemble, son cœur lui semblait être sorti d'hibernation. Durant cette nuit, ils étaient restés attablés dans la cuisine, lui se livrant comme jamais il ne l'avait fait, elle l'écoutant beaucoup et parlant peu. Chacun, secrètement, avait compté les heures au clocher qui les rapprochaient de l'aube et de la séparation. Franz avait entamé une course contre la montre pour tout dire de son amour à Marguerite. Il était comme ces voyageurs qui bourrent leurs effets dans une valise trop petite. Marguerite n'avait pas quitté ses yeux d'azur ; c'était sa façon d'exprimer par le regard les mots qui ne pouvaient pas sortir de sa bouche, bloqués par le silence de sa longue solitude. D'elle, Franz n'avait entrevu qu'un être en cours de métamorphose, un papillon dans sa chrysalide. Au dernier tournant de cette guerre, encore une fois, le destin de Marguerite empruntait des méandres inconnus. L'Allemand était entré dans sa vie comme on monte sur le marche-pied d'un tramway qui roule sans savoir dans quelle direction il va. Elle vivait ce voyage au jour le jour sans attente du lendemain. Certes, Franz ne lui promettait rien mais elle sentait en lui la fébrilité de celui qui veut bâtir sur des sables mouvants. Elle aurait aimé le rassurer mais elle en était incapable. Elle contemplait cet été 44 comme une béance, un champ à découvert sur lequel elle cheminait sans but, se raccrochant à son ouvrage quotidien. "
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