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Citation de PAPY42


p 6 Oui, comment, en Occident, l’homme a-t-il pu déchoir à ce point, c’est-à-dire renoncer à une vie plus haute, à ces nobles idéaux qu’indiquaient aussi bien les philosophes de l’Antiquité que Jésus le Nazaréen, afin de satisfaire d’immédiates et précaires convoitises ? Pourquoi s’est imposée une conception de l’homme et de l’existence à ce point aplatie, rétrécie, jusqu’à pouvoir entrer dans ces petites boîtes à écran avec lesquelles le consommateur contemporain fait joujou pour oublier qu’il est mortel et que sa vie est insignifiante ?

pp 8-10 C’est aux chrétiens que je m’adresse en premier lieu, aux ministres du culte autant qu’aux fidèles. Avec la tâche peu facile de les réveiller, de les délivrer des poncifs et des bons sentiments du siècle auquel ils sacrifient, afin de leur rappeler la suprématie de l’Esprit, la Transcendance divine. Certes, il est beaucoup plus aisé d’être flatteur et complaisant, de manier la brosse à reluire plutôt que d’étriller l’âme. Mais dès l’abord, il convient de rappeler que toute parole authentiquement spirituelle s’avère intransigeante, telle celle du Christ : entière, ardente, sans compromis, totalement libre, absolument fidèle à Dieu. Bien des chrétiens d’aujourd’hui, qui à dessein confondent intransigeance et intolérance, et qu’effraient la rigueur et la loyauté autant que l’amour passionné, affadissent et aménagent le message de Jésus pour l’adapter à notre temps, autrement dit à leur confort personnel.[…]

En mentionnant la dégradation accélérée de l’image de l’homme en Occident, je ne veux pas dire, que, dans les pays d’Orient, tous sont sages et bons ou en méditation permanente. Par là, je désigne la société occidentale actuelle, qui s’est largement exportée : une société matérialistes , entièrement soumise à la technique, à l’efficacité, au profit avec ses leurres de bonheur, une pseudo-culture qui méconnait, voire piétine la belle et forte tradition occidentale, riche de sa philosophie, de ses religions, de ses mythes et de son extraordinaire floraison artistique et littéraire. J’ai à cœur de rappeler cet héritage abondant, magnifique, alors que tout conspire à faire table rase pour mieux imposer les prétendues « valeurs » et « paradigmes » de notre temps. En quoi, par exemple, la croissance serait-elle meilleure que la frugalité préconisée par les philosophes grecs et les Pères du désert ? Pourquoi l’incontournable « vivre ensemble » s’imposerait-il par rapport à une démarche solitaire, périlleuse mais garante de liberté ? Comment peut-on proposer le changement comme programme, alors que tout coule et s’écoule à chaque instant ainsi que l’énonçait Hérodote ? Il est facile de comprendre que ces valeurs arbitraires servent une idéologie, non une sagesse; qu’elles visent à rassembler des citoyens crédules, non à élever des âmes, non à éduquer les esprits. […]

C’est pourquoi les réflexions et les critiques que j’adresserai s’adressent à tous, et non seulement aux chrétiens, parce qu’elles concernent une conception de l’homme et de l’existence qui se voit désormais imposée comme seule réelle, seule envisageable. Un homme limité à sa condition terrestre et relevant de l’espèce, que nul au-delà ne saurait effleurer, qu’aucun désir d’immortalité n’habite plus. D’où les expressions ridicules qui sont employées fréquemment : la « vraie vie », les « vrais gens » pour bien se démarquer du monde invisible et de la vie spirituelle qui seraient « mensonges et fantasmagorie. C’est à un appauvrissement terrible de l’être humain que l’on assiste et à sa servitude plus ou moins consentie. De ce massacre, beaucoup ne sont pas conscients, certains y applaudissent, en dignes émules de Big Brother, et très peu se récrient.

Je n’ai pas la prétention de désigner « le bon parti », la vraie religion, la meilleure philosophie de l’existence. Ce qui me tient à cœur, c’est l’immense liberté de l’être humain. [...]

Tel est aujourd’hui l’enjeu de la liberté et de la grandeur humaines : ne pas se laisser entamer en soi le sentiment du divin.
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