Varlamov était en verve. L'évocation de l'un de ses derniers voyages le métamorphosait. Il ne paraissait pas nostalgique d'une époque à présent révolue pour lui, mais dans son regard se ravivait un feu malgré tout, dont il éprouvait peut-être, de temps à autre, le besoin de vérifier qu'il ne cessait de couver au fond de lui, tranquillement tapi sous une couche de cendres dans laquelle, selon le contexte, il donnait de précautionneux coups de tison en s'abandonnant, par exemple, à la redécouverte émerveillée d'anciennes photos, à la consultation lente et rêveuse de beaux atlas, à la manipulation d'objets rapportés de contrées lointaines ou encore, comme en cette fin de soirée, à une simple narration qu'il était heureux de laisser s'épanouir grâce à l'écoute qui lui était accordée.