Les vieilles dames et la musique
Sont capables de jouer du Beethoven en fredonnant du Scotto pour accompagner du Mozart.
Considèrent que la civilisation s'est arrêtée à la valse, la décadence au tango et font dater du Charleston le début de la barbarie.
Fredonnent cependant du twist, en cachette, après deux verres de liqueur de cassis.
Arpentent les claviers de piano, clopin-clopant, mais avec opiniâtreté.
On n'a que l'âge de ses arpèges.
Les vieilles dames et leurs amies
Parlent avec continuité, écoutent avec impatience, médisent avec bonhomie, inventent avec sérénité, compatissent avec allégresse, enquêtent avec persévérance et prennent trois sucres et un nuage de lait dans leur thé.
Ne rapportent les indiscrétions que sous le sceau du secret et seulement à celles qui les ignorent.
"Si je ne m'écoutais pas parler, tiens! je me demande bien pour qui je parlerais!"
"Si c'est seulement pour ennuyer les voisins, je vous conseille le clairon."
[...] - Allons, mon chéri, dit Ève, ne te fais pas prier, voyons. Fais un kiaï pour Véronique. Juste un, un tout petit.
- Ah! ah! dis-je jovialement. Je vais plutôt faire une quatrième projection de hanche à Véronique. Ou une onzième immobilisation, tiens, c'est bien plus drôle. Cela l'amusera sûrement.
Mais Véronique ne voulait pas être projetée par la hanche, même en quatrième, qui est pourtant un mouvement bien apprécié des connaisseurs. Véronique voulait être paralysée par le kiaï.
De guerre lasse, et tout en prévenant que je n'allais pas donner ma pleine mesure à cause des enfants qui dormaient, je poussai un petit kiaï de ma fabrication, qui tenait du cri du lion souffrant des prémolaires, et de la corne d'appel des autobus parisiens.
Véronique remua ses doigts, ses bras, ses jambes, son cou.
- Je ne suis pas paralysée, dit-elle déçue.
- C'est tout un art! dit Ève, supérieure.
- De quoi? d'être paralysée? Tu l'as été, toi, avec le kiaï?
- Pff! dit Ève, plusieurs fois! Quand il est en forme, il me paralyse comme il veut.
- Et, dit Véronique, il te dé-paralyse comment?
- Oh! il y a un deuxième kiaï, dit Ève, et puis le kuatsu, des atémis, des ... que sais-je encore !
Elle n'en savait rien, je me hâte de le dire. Ève n'a jamais été paralysé par quoi que ce soit, et par moi encore bien moins. [...]
Je saurais l'anglais, tiens... J'essaierais de traverser la Manche à la nage !
"Qu'est-ce que ça veut dire, ça? Ton horoscope annonce un voyage à deux et pas le mien!"
"Tant que nous n'aurons pas reçu de nouvelles instructions, les vélocipèdes seront considérés comme des chevaux et séparés des juments en tant que tels.
Jacques FAIZANT, Histoires de France, 1965, Denoël (p. 106).
"Tant que nous n'aurons pas reçu de nouvelles instructions, les vélocipèdes seront considérés comme des chevaux et séparés des juments en tant que tels.
Jacques FAIZANT, Histoires de France, 1965, Denoël (p. 106).
"Tant que nous n'aurons pas reçu de nouvelles instructions, les vélocipèdes seront considérés comme des chevaux et séparés des juments en tant que tels.
Jacques FAIZANT, Histoires de France, 1965, Denoël (p. 106).