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Citation de Cerisemae


Je crois que j'ai dormi. Des bruits de campagne montent jusqu'à moi. Des odeurs de nuit, de terre et de sel rafraîchissent mes tempes. La merveilleuse paix de cet été endormi entre en moi comme une marée. À ce moment, et à la limite de la nuit, des sirènes hurlent. Elles annoncent des départs pour un monde qui maintenant m’est à jamais indifférent. Pour la première fois depuis bien longtemps, je pense à maman. Il me semble que je comprends pourquoi à la fin d'une vie elle a pris un « fiancé », pourquoi elle a joué à recommencer. Là-bas, là-bas aussi, autour de cet asile où des vies s'éteignent, le soir est comme une trêve mélancolique. Si près de la mort, maman devait s'y sentir libérée et prête à tout revivre. Personne, personne n'avait le droit de pleurer sur elle. Et moi aussi, je me suis senti prêt à tout revivre. Comme si cette grande colère m'avait purgé du mal, vidé d'espoir… Comme si devant cette nuit chargée de signes et d'étoiles, je m'ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde. De l'éprouver si pareil à moi, si fraternel enfin, je sens que j’ai été heureux, et que je le suis encore. Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me reste à souhaiter qu'il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu'ils m'accueillent avec des cris de haine.
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