Les rêves transhumanistes ne sont pas des rêves à vocation universelle. Ils sont les chimères des dominants qui croient pouvoir échapper, dans le confort aseptisé de leurs cités "intelligentes", au chaos mondial qu’eux-mêmes participent à provoquer. Qui, d’ailleurs, peut encore croire à un Progrès universel ? La hausse continue des budgets de l’armement, les préparations à la guerre "augmentée", la fusion du militaire et du policier, montrent au contraire que les dominants se préparent activement à la conservation violente de leur position privilégiée.
Venez, s’époumone le transhumaniste dans son mégaphone médiatique, c’est moi qui vends le baume souverain, c’est moi qui détiens le fil d’Ariane conduisant hors du labyrinthe de la souffrance et de l’ennui ! Suivez-moi, je serai votre pasteur et vous serez mon troupeau, et nous cheminerons ensemble – moi dessus, vous dessous – vers les champs gras et frais de l’Age d’or ! Peu lui importe que ceux qui ne suivent pas soient abandonnés à la désolation ou à la famine. Peu lui importe que ceux qui résistent soient soumis à la brutalité militaro-policière robotisée. Peu lui importe que, pour pérenniser l’engraissage du Dieu-argent, il faille faire de la souffrance propre à la condition humaine l’instrument de la souffrance artificiellement reconduite.
Le Covid-19 peut être considéré comme l’avant-garde spectaculaire des contre-effets dévastateurs de l’expansion industrielle, de ses technopoles surdimensionnées, énergivores et polluantes, et de leur dépendance à l’agro-business. En dévoilant la fragilité de l’industrialisme face à ses propres conséquences, il est l’annonciateur de l’extension du domaine de l’immaîtrisable enfanté par l’illusion de la maîtrise.