Le bruit du bombardement pétrit ma chair, dilue ma volonté. Si je n'écoutais que mon instinct, je me jetterais à plat ventre au fond d'un abri et je me boucherais les oreilles, et j'attendrais ainsi la fin du bombardement ou la mort. Il faut la pensée des gars qui veillent stoïquement dehors, il faut la honte de paraître lâche pour m'arracher à ma lâcheté, pour me traîner là où m'appelle mon devoir. Je conserve du moins assez d'empire sur moi pour ne rien laisser passer de ma peur sur mon visage. A défaut du sourire qui fuit mon appel et qui ne veut pas se poser sur mes lèvres décolorées, j'ai toujours, quand je dois parcourir la ligne des guetteurs, une cigarette au coin des lèvres.