A la lueur de veilleuses entretenues à la margarine, nous creusions à petits mouvement contorsionnés, sans fièvre ni fol espoir. Mais c'était une excellente discipline et chaque fois qu'un coup dur ou idiot nous rabattait au sol, le recours au souterrain nous sauvait du désarroi. La petite flamme fumeuse, l'odeur de terre remuée, le son mystérieux des voix, le grattement grignoteur des instruments faisaient une atmosphère cryptique où nous retrouvions les sources de nos exaltations enfantines. C'était un noble jeu de garçons, strictement interdit par les grandes personnes. Cette impression d'appartenir au clan des enfants terribles, des cancres et des dissipés, nous liait plus que tout les reste. Nous étions l'aristocratie, la chevalerie dûment sacrée par les cérémonies disciplinaires et confirmés dans les tournois de pelote;