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Citation de jbicrel


Un poète, le soir, doit_s'il est vigilant_
Déposer sur sa table un peu de papier blanc,
Un crayon bien taillé, de l'encre, un porte-plume,Il se peut en effet qu'un semblable posthume
Vienne rôder ici la nuit, désemparé
De n'avoir pu depuis longtemps persévérer
Dans ce qui fut jadis sa raison d'être même.
Et, sinon composer d'un seul jet un poème,
Au moins, avec cet outillage qu'il connaît,
Un distique, une strophe, un début de sonnet.
Mais comment retrouver la démarche de crabe
Qui nous fait aligner, de syllabe en syllabe,
Sur la page docile un va-et-vient de vers,
Alors que sa main fuit ou mène de travers
L'instrument familier dont il n'a plus l'usage ?
Le miroir du papier vierge le dévisage :
Il se voit transparent et, fantôme recru,
Ne saurait soulever une plume. Il a cru
Pouvoir laisser la trace humble de sa visite.
Or, rien n'a dérangé l'ordre qu'il parasite
À peine de son ombre (une ombre n'en a pas).
Il repart sans entendre où l'entraînent ses pas.
Mais si, le lendemain, le poète se penche
De nouveau sur la feuille et la trouve aussi blanche,
Qu'il ne s'étonne pas de la facilité
Soudaine avec laquelle un poème buté
Dans son mutisme enfin lui donne la réplique
Comme s'il émanait d'une encre sympathique.
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