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Citation de Babelcoyo


Comme la plupart de ses amis, dont les parents étaient athées ou carrément anticléricaux, llana Hacohen ne portait pas un prénom biblique. Le sien voulait dire arbre, et rappelait l'ancienne Terre promise. D'autres jeunes filles portaient des prénoms évocateurs tels qu'Aviva (la source) ou Ayelet (le faon), Talma (le sillon) tandis que les garçons s'appelaient Dov (lours), Arieh (le lion) ou Dagan (a céréale). lana était bien décidée, si Gottesmann et elle avaient des enfants, à ce quil n'y ait parmi eux ni de Sarah ni de Rachel, d'Abraham ni de Mendel, ni aucun autre prénom biblique ou à consonance d'Europe orientale. En fait, elle ne reprochait qu'une chose à son mari, c'était qu'il tint à son prénom allemand, Isidore, qui ne convenait pas, à son avis, à un Juif moderne. Aussi ne l'appelait-elle jamais que Gottesmann, même dans l'intimité.
Ces filles et ces garçons délivrés des rigides contraintes de la religion aimaient cependant leur Bible d'un amour profond et s’ils repoussaient les rites et la religion, ils professaient un autre culte, tout aussi exigeant : ils étaient fanatiquement dévoués à la cause d'un État d'Israël libre fondé sur la justice sociale. Il n'y avait pas de communistes à Kefar Kerem, et certains penchaient au contraire pour le capitalisme qui permettait à tout homme de s'enrichir, mais cela n'empêchait pas qu'il y régnât un authentique esprit communautaire. Presque tous disaient, comme Ilana : «Notre maison n'est pas vraiment à nous. Elle appartient à la communauté et si nous partons quelqu'un d'autre s'y installera, ce qui sera justice. Je travaille dans les vignes et j'en parle comme si elles étaient à moi, mais elles appartiennent à la communauté aussi, et si je pars d'autres mains cueilleront les raisins. L'essentiel, c'est que la terre continue ! »
C'était cela, la profonde mystique du groupe : la terre doit continuer. «Il y a quatre mille ans, des Juifs vivaient sur cette terre, aimait à répéter Ilana, et je suis fière d'être un maillon de cette chaîne. Quand je ne serai plus là, d'autres Juifs vivront sur notre terre pour quatre mille ans encore. C'est la terre qui importe. »
La terre était le but suprême, la Terre promise, la Terre de Chanaan et d’Israël, les champs de jadis donnés par Dieu à Nephtali, Issachar et Manassé.
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