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Citation de Le_Marre_Patrick


Au bout de quelques pas, il perçut une forte odeur d’hydrocarbures. Il poursuivit son chemin, puis s’arrêta en distinguant, le long du mur de la galerie, cinq ou six barils à pétrole. Il en fit basculer un. Le baril fut très facile à déplacer. Il était vide. Girland réfléchit un instant. Un baril à pétrole devait flotter, songea-t-il. Ce serait peut-être une solution pour franchir la nappe d’eau qui obstruait la galerie devant eux.
Sur ces entrefaites, il entendit arriver Mala et l’attendit. Elle traînait péniblement le sac de montagne et le fusil.
— Je ne pouvais pas supporter de rester seule, dit-elle. Je suis désolée.
— Regarde ces machins-là ! Nous pourrions fabriquer un radeau. On en attacherait trois ensemble. Allons voir où commence l’eau.
Il l’enlaça et tenant de l’autre main la bougie, il se remit à avancer. Ils n’eurent pas loin à aller et durent bientôt s’arrêter brusquement. Le sol de la galerie descendait en pente raide sur environ trois mètres et disparaissait alors sous une eau noire et visqueuse, qui dégageait une odeur nauséabonde.
— Nous ne pouvons pas passer par là ! s’exclama Mala, avec un mouvement de recul. C’est impossible !
— C’est pourtant le chemin, mon chou, et c’est par là que nous allons passer.
Il posa le sac et le fusil, fouilla dans le sac et y prit une autre bougie qu’il alluma aussi. Il remit les bougies à Mala, et retourna près des barils de pétrole. Il en renversa un sur le côté et le fit rouler jusqu’au bord de l’eau. Mala le suivit. Ils retournèrent ensuite chercher un second baril. Au moment où il le faisait basculer, quelque chose s’agita soudain à proximité ; une ombre noirâtre lui passa sur le pied et disparut dans l’obscurité. Mala poussa un cri et recula, en lâchant une des bougies.
— C’était un rat ! s’exclama-t-elle en frissonnant.
— Eh bien, il est parti maintenant, dit Girland en ramassant la bougie. (Il la ralluma à celle qu’elle tenait dans sa main tremblante.) Allons, mon chou, ne pique pas ta crise de nerfs ! J’ai besoin de toi. (Il se tourna vers le deuxième baril.) Attends-moi ici. Je vais revenir chercher le troisième.
— Je vais avec toi ! s’écria Mala. Tu crois qu’il y a d’autres rats ? ajouta-t-elle en jetant des coups d’œil angoissés autour d’elle.
— Je ne pense pas, prétendit Girland en se rappelant ce que lui avait expliqué Jan. (Il ne voyait pas l’utilité de lui dire la vérité. Elle était déjà suffisamment terrorisée comme ça.)
Il fit rouler le fût de métal au bord de l’eau et le dressa à côté du premier. Mala était toujours sur ses talons. Ils retournèrent chercher le troisième baril. En le déplaçant, il aperçut ce qu’il prit d’abord pour un serpent. Son premier réflexe fut de sauter en arrière, mais il se domina et, immobile, dit à mi-voix :
— Donne-moi une bougie.
A l’angoisse qui perçait dans la voix de son compagnon, Mala se pétrifia de terreur. Elle lui remit la bougie. Élevant à bout de bras la flamme vacillante, il examina ce qu’il avait pris pour un serpent. C’était un rouleau de corde.
— Cette fois, la chance est avec nous, dit-il ; il se baissa pour prendre le rouleau. Une énorme araignée était tapie dessous. Elle détala et disparut dans le noir non sans avoir frôlé Mala qui, à sa vue, fit un bond en arrière en étouffant une exclamation.
— Ce n’est qu’une araignée, dit Girland. Voyons, tu es une grande fille maintenant. Tiens… prends la corde. Je vais m’occuper du baril. (Il lui tendit le rouleau et lui sourit.) N’oublie pas que nous avons un rendez-vous : le souper le plus fastueux de Paris !
— Je n’oublie pas, dit-elle et prenant le rouleau de corde, elle se le passa à l’épaule.
— C’est bien, ça ! Allez, viens !
Et Girland se mit à faire rouler le troisième baril.
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