La mort, comme ils l’appelaient, était arrivée à Heytesbury cinq jours auparavant, et elle avait déjà fauché quarante paroissiens, hommes, femmes et enfants, un tiers du bourg. Nul ne se rendait plus chez ses voisins, par craindre de se contagionner. Les gens suspendaient des linges à leurs fenêtres, un pour qu’on envoie le prêtre, deux pour qu’on leur laisse de quoi boire et manger, trois pour qu’on vienne emporter un corps. Le prêtre et le sonneur de clochette étaient allés et venus si souvent entre l’église et les domiciles des malades que nul ne leur prêtait plus attention. L’auberge était fermée, personne ne venait du dehors acheter les tissus qu’ils fabriquaient, les cultures étaient mûres mais nul ne voulait moissonner, et la moitié des bêtes étaient sans maître désormais.