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Citations de James Meek (43)


Nous sommes tous pécheurs, dis-je. Votre notion de la pestilence comme châtiment divin ne prête guère à controverse. Mon impression, c’est qu’à cette occasion, Dieu décida d’accroître la quantité de Noé appelés à survivre pour repeupler le monde. Ce qui n’est pas sans conséquence. Il divisa ainsi, à tout jamais, l’humanité en deux espèces : les coupables et les fiers. Les premiers seront tourmentés par l’idée que eux, les survivants, sont moins méritants que ceux qui périrent. “Mes enfants étaient innocents”, diront les parents qui auront perdu des fils et des filles. “Ils ont été punis pour mes péchés. J’aurais dû mourir à leur place.” Les seconds interpréteront leur survie comme la confirmation qu’ils sont bien les favoris de Dieu. Les doutes qu’ils auront pu avoir sur leur propre conduite, quels qu’ils soient, s’envoleront ; tous leurs actes seront validés. La vertu se définira désormais comme leur propre satisfaction. Être, c’est être bon.
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Certaines gens parvenaient pourtant à diriger leurs rêves comme berger son troupeau, à les garder le jour aussi aisément que la nuit et à en tirer des richesses, comme un berger la laine de ses moutons. Ces gens-là, a dit le prêtre, on les nommait des écrivains. Ils étaient proches du Malin.
P 60
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«  Se marier, fonder une famille,
accepter tous les enfants qui viendront ,
les soutenir dans ce monde incertain ,
est la meilleure chose qu’un homme puisse réaliser » ....

Franz Kafka ( qui ne le fit jamais ) .
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«  Tu es la parfaite Anglaise Moderne , pas vrai ? Gronda t- il d’une voix cassante, étrangère .
Une athée qui n’a que l’amour à la bouche, une hédoniste qui fanfaronne sur ses bonnes actions auprès des pauvres, une intellectuelle arrogante convaincue que la science a réponse à tout , et qui ne connaît rien à la vie des gens honnêtes qui travaillent dur...
Tu passes de fête en fête , d’homme en homme, sans te soucier de ces valeurs que sont la famille, la fidélité, l’engagement ...
Combien d’hommes as - tu connus? Vingt? Cinquante? Et combien encore à l’avenir ? » ,...
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Tous appréciaient Will, mais on était contents de le voir rabaissé. Nous ne voulions point qu'il ait son acte. La plupart d'entre nous qui étions libres n'avaient nul acte pour le dire : s'il acquérait le sien, cela nous rendrait-il moins libres que lui ? Et les serfs, qu'en serait-il ? Si Will gagnait son acte, n'estimerait-il pas tous les vilains comme des gueux sans valeur, par faute d'oser en demander un pour eux-mêmes ?
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«  Et si les pays pauvres étaient infestés de prédateurs immenses, de centaines de milliers de monstres invisibles, grands comme un homme, qui ravageaient tout sur leur passage, arrachant la tête des nourrissons ? leur demanda d’un ton accusateur la Bec de dix- huit ans , joues empourprées et le front trempé de sueur dans son tailleur trop chaud et son chemisier boutonné jusqu’au cou ?
Je crois que nous aurions déjà fait quelque chose pour arrêter ça....
——-Et si les pays riches étaient envahis par un prédateur qui arrachait la tête des personnes âgées ?
——-Ne devrions - nous pas faire quelque chose pour arrêter ça ? » ,..
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Je trouvai les archers à l'hospice des pèlerins, où ils avaient établi leurs quartiers. Avec quelles créatures terrifiantes me propose-t-on de pérégriner ! Leur dux, Hayne Attenoke, est un géant silencieux, inflexible, avec un gigantesque crucifix ciselé suspendu à son cou au bout d'une chaîne d'argent, et ses camarades sont des percussores, des brutes, d'ignobles assassins.
P 108
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L’histoire qui circulait dans la société de production de Ritchie Sherperd était exacte quand elle apparut dans les esprits des employés et qu’ils la discernaient à peine, sans même parler de l’évoquer entre eux. C’était comme un vague relent, assez clair pour qu’on le remarque, trop vulgaire pour être mentionné.
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Rien n'exprime davantage la vitalité humaine que le pouvoir de l esprit d'errer à l'heure où il se retrouve confronté à la réalité la plus puissamment susceptible d'attirer son attention, sa propre extinction. 431
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L'argent que ça* nous a coûté aurait pu servir à payer le salaire d'un chercheur, mais sauver des gens, ça ne suffit pas. Il faut faire en sorte que le monde dans lequel ils survivront en vaille vraiment la peine...
(p.155 - *il s'agit des jardins de l'institut)
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La mère d'Anna était terrifiée, bien au-delà des larmes, par la colère de sa fille.
La silhouette était celle d'un policier. Il demanda à Anna comment elle pensait qu'une jeune fille puisse se promener seule en ville avec un appareil photo et se mêler à la vermine la plus vile, la plus indécente et la plus déloyale à l'insu des autorités. Il ajouta que seuls des efforts surhumains de sa part avaient permis de substituer la simple destruction de l'appareil à une arrestation, un procès et un exil plus que probable.
Au cours de la nuit, quand tout le monde fut couché, Anna sortit dans le noir avec une lanterne. Quatre heures durant elle chercha dans la cour la plaque sur laquelle était imprimée l'image du cavalier. Elle ne la trouva pas. Elle ramassa le mécanisme qui contrôlait l'ouverture de l'appareil et l'emporta avec elle dans son lit, où elle passa une partie de la nuit à tendre vers la lune l'iris métallique. Elle en déployait les rabats, les refermait, si bien que tour à tour elle tenait entre ses doigts un intense point lumineux puis, l'instant d'après, distinguait la surface du satellite dans ses moindres détails.
Trois ans plus tard, Anna et le hussard se marièrent. Le banquet des noces se tint dans une clairière à l'orée de la ville où les officiers du régiment rivalisèrent d'adresse devant les invités, ramassant au grand galop des foulards posés sur le sol, chevauchant debout sur leur selle, tranchant d'un coup de sabre des melons posés en équilibre sur une perche.
En fin d'après-midi, le colonel du régiment confia à Anna :
- Madame, votre mari est un cavalier-né. Il monte à cheval comme ces Tartares qu'on attachait à califourchon sur des poneys avant même qu'ils ne sachent marcher. Il manie le sabre mieux qu'aucun soldat de la garde. Les recrues le suivront les yeux fermés. Pourtant, je me demande si vous ne seriez pas capable de le persuader d'épouser une autre carrière. Ce serait chose aisée pour une femme de votre beauté. Je ne voudrais pas être co
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La vie, ne serait-ce qu’une seconde de vie, rendait la mort insignifiante.
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Mutz se mit à genoux pour recueillir dans le creux de sa paume un petit tas de neige . Il se releva, enfonça la langue dans la poudre froide. Les cristaux de glace lui blessèrent le palais, leur goût le pénétra au plus profond. Mutz le petit garçon et Mutz l'homme mûr se reconnurent mutuellement, et l'espace d'un instant une joie si intense l'envahit qu'il eut de la peine à rester debout.
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Devenir le souvenir d'enfance d'un autre avait quelque chose de beau, de profondément honorable.
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Il ressemblait à un vieux conscrit, le genre d'homme que l'armée appelle quand la guerre est presque perdue. Il avait l'allure d'un bagnard, d'un cobaye humain, d'un individu anonyme faisant partie d'un lot : un produit humain à moitié terminé, prêt pour la dernière étape.
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La mort, comme ils l’appelaient, était arrivée à Heytesbury cinq jours auparavant, et elle avait déjà fauché quarante paroissiens, hommes, femmes et enfants, un tiers du bourg. Nul ne se rendait plus chez ses voisins, par craindre de se contagionner. Les gens suspendaient des linges à leurs fenêtres, un pour qu’on envoie le prêtre, deux pour qu’on leur laisse de quoi boire et manger, trois pour qu’on vienne emporter un corps. Le prêtre et le sonneur de clochette étaient allés et venus si souvent entre l’église et les domiciles des malades que nul ne leur prêtait plus attention. L’auberge était fermée, personne ne venait du dehors acheter les tissus qu’ils fabriquaient, les cultures étaient mûres mais nul ne voulait moissonner, et la moitié des bêtes étaient sans maître désormais.
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L’infirmier leur a montré comment bannir la pestilence. Les corps sanglants chauds et humides avaient le plus à craindre, car les trous par où passait leur sueur étaient grandement ouverts, offrant aux gouttelettes morbides de la peste un passage vers l’intérieur du corps. Toutefois, même les plus froids et les plus secs d’entre eux couraient grand péril, s’ils n’empruntaient pas le chemin qu’il fallait. Ils ne devraient point besogner trop dur, de crainte que leurs corps s’échauffent et que leurs trous à sueur viennent à s’ouvrir en grand. Pas plus qu’ils ne devraient s’adonner à la luxure charnelle avec des femmes, ni se baigner dans une eau chaude, ni non plus rester plus d’un jour sans purger leurs entrailles. Ils devraient se passer de miel, d’ail, d’oignons, de poireaux et d’épices fortes ; manger des concombres, du fenouil, de la buglosse, des épinards et des fruits aigres, boire de l’eau coupée de verjus ou de vinaigre plutôt que du vin, et assaisonner leurs aliments avec un fort vinaigre. Il fallait fuir les tas de crottes ou d’immondices, les latrines et tous les lieux putrides et puants de cette espèce, et il serait bon que chacun emporte partout avec lui des fleurs odorantes, pour s’en obstruer les narines.
« Quand la peste approche, même au cœur de l’été, le ciel s’assombrit en plein jour mais il n’y a d’abord point de pluie, rien que le tonnerre vers le sud. De nuit, des traits de foudre, ou des météores dans le ciel. Si un vent fort se lève du sud, où que vous soyez, trouvez refuge et assurez-vous de bien fermer huis et fenêtres côté sud. »
Si la pestilence venait à les prendre, a dit l’infirmier, ils ne sentiraient point l’air vicié et humide pénétrer dedans eux par leurs narines, leurs bouches et leurs trous à sueur. L’air morbide s’infiltrait par le sang jusqu’au cerveau, au cœur et au foie, chacun de ces organes se démenant alors pour chasser le mal. Ceux qui se trouvaient pris éprouvaient d’abord des frissons, une roideur et des picotements de sang, et leur tête était douloureuse. Il arrivait parfois qu’ils toussent et tombent de sommeil. Des bubons indurés d’une grosseur allant du pois à l’œuf s’éveillaient sous la peau, dans l’entrecuisse si la souillure s’amoncelait dans le foie, sous les aisselles si c’était dans le cœur, et dans le cou ou sous la langue si le cerveau était frappé. Chez certains, des marques ou des points noirs apparaissaient sur la peau. Dans tous ces cas, la mort advenait sous trois jours.
Chez d’autres, le mal empruntait un plus court chemin. Il s’attachait aux poumons, qui n’étaient plus capables, alors, de refroidir le cœur, et pour préserver celui-ci, le cerveau aspirait en lui la souillure, mais le cerveau n’était pas de taille à lutter, et le mal s’épandait brusquement dehors par les oreilles, dans un rugissement qui vous assourdissait, ou, ce qui était pire, par les yeux. Car alors, le malheureux pécheur périssait le jour même ; mais le temps qu’il vivait encore, il lui suffisait de mirer un homme et la pestilence transitait de ses yeux aux yeux de qui le voyait, et de là dans son cœur, son cerveau ou son foie.
« Par conséquent, a dit l’infirmier, la première chose absolument requise quand la peste prend quelqu’un, c’est de lui nouer un linge autour des yeux, afin que le mal ne puisse sortir et contagionner ceux qui l’assistent, ou le prêtre chargé de purifier son âme avant qu’elle se libère. Des questions ? »
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La route était large mais les maisons de bois noires étaient pressées les unes contre les autres, comme si leurs habitants avaient voulu s'entasser sur un îlot, comme si les espaces infinis de la Sibérie étaient un océan qui risquait de les engloutir, ou de les rendre fous, s'ils ne restaient pas assez proches pour pouvoir s'étreindre dans la tourmente.
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En même temps, il avait compris comment les contradictions, les ambiguïtés et la force de ce livre pouvaient attirer ceux qui ne se satisfaisaient pas du monde tel qu'il était et surtout, de sa caractéristique la plus harassante : son perpétuel changement. Ils y trouvaient un univers immuable qu'ils pouvaient opposer au monde réel. Pour ceux-là, la Bible était inépuisable; ce qu'on ne comprenait pas exigeait d'être lu et relu à l'infini; ce qu'on comprenait, on revenait sans cesse y puiser une vérité éternelle quand tout au dehors n'était que ténèbres et chaos.
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Comment croyez-vous que fonctionne un Etat policier ? Je vous donne un indice : ce n’est pas grâce à la police. Surveillez vos amis… la moitié du pays est prête à dénoncer l’autre.
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