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Citation de Charybde2


En ma qualité de livre, assemblage de cuir et de rêves, d’encre et d’inspiration, je compte des érudits parmi mes amis, des poètes parmi mes héros, et pas mal de colle parmi mes dieux. Mais sur quoi se fonde ma particularité ? En quoi les Principia mathematica diffèrent-ils des autres ouvrages ? Mon importance historique ne souffre nul débat : je suis tout simplement le plus grand ouvrage scientifique jamais écrit. Mon utilité pratique est sans conteste. Quoi que vous pensiez des sondes martiennes, des fusées pour aller sur la Lune, des satellites en orbite, des automobiles, des turbines à vapeur, des métiers à tisser, de la révolution industrielle ou de l’l’Institut de technologue du Massachusetts, rien de tout cela n’aurait été possible sans moi. Mais les plus curieux d’entre vous désirent également en savoir plus sur mon essence existentielle. Connaître mon âme, en vérité.
Descendez-moi de votre étagère. Comme la plupart des humains, je suppose, vous m’avez réservé une place d’importance, à côté de la Bible peut-être ou épaule contre épaule avec Homère. Ouvrez-moi. Cela débute de manière assez innocente, avec huit définitions copieuses mais nullement indigestes de la masse, de l’accélération et de la force, suivies par les trois fameuses lois du mouvement définies par papa. Continuez de tourner les pages. Les choses se compliquent, n’est-ce pas ? Les propositions prolifèrent, les postulats se bousculent, les déductions se reproduisent comme des souris de laboratoire. « Les forces centripètes des corps qui, par de constants mouvements, décrivent des cercles différents, inclinent vers les centres de ces mêmes cercles et sont les uns les autres semblables aux carrés des arcs décrits en des temps égaux divisés respectivement par les rayons des cercles. » Confondant, je l’avoue. Rien à voir avec L’Enfant et les Sortilèges.
Mais vous ne pouvez juger d’un livre par son contenu. Ce n’est pas parce que mon père m’a bourré de sinus, cosinus, tangentes et pire, que cela fait de moi un compagnon sinistre et ennuyeux. J’ai toujours fait en sorte de m’accorder avec l’aspect esthétique des mathématiques. Voyez le diagramme illustrant le postulat XLI. Avez-vous jamais observé disposition plus sensuelle de lignes ? Étudiez la figure XLVIII. Arcs et cycloïdes ont-ils jamais été plus beaux ? Mon père imprima le mouvement à la géométrie. Il apprit aux paraboles l’art de la pirouette et aux hyperboles celui de la gavotte. Ne vous laissez point davantage abuser par tout mon langage trigonométrique. Bien décidé à garder secrètes ses méthodes, Newton rédigea ses découvertes dans le langage mathématique de son époque. Ce qui est en gestation ici, c’est l’étonnant outil qu’il inventa pour calculer le taux de changement d’un taux de changement. Reste avec moi lecteur, et je t’apprendrai à courir avec les flux.
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