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Citation de Henri-l-oiseleur


[Samuel Harsnett, "Discours des immenses impostures papistes", 1603, à propos de faux exorcismes et possessions démoniaques]

Une des qualités majeures que Shakespeare trouvait à Harsnett, était son emploi du langage théâtral pour décrire ceux qui feignaient la possession démoniaque. Son livre regorge d'allusions aux jeux de scène, aux acteurs, aux contrefaçons, aux feintes, tragédiens, comédiens, rôles bien joués, etc. Quand il cherche des analogies commodes, Harsnett évoque les comédiens itinérants, le personnage du Vice dans les anciennes moralités, ou le spectacle des combats d'ours à Paris Gardens. Il va jusqu'à comparer la mise en scène des faux exorcistes à divers genres dramatiques, et conclut que cette "fiction diabolique" n'est ni de la comédie pure, ni de la tragédie, mais un mélange tragicomique des deux. Shakespeare n'aurait pu qu'approuver, d'autant que la description des souffrances des possédés (réels ou imaginaires) ne peut que susciter la sympathie. Le langage théâtral de Harsnett n'était pas dû au hasard. En tant que chapelain de Richard Bancroft, évêque de Londres, une de ses charges consistait à lire et à autoriser le texte, pour l'impression, des pièces que l'on jouait sur scène, comme celle que représentait, justement, la compagnie de Shakespeare, "Every Man out of His Humour", de Ben Jonson. Harsnett comprenait le pouvoir extraordinaire du théâtre, et était gêné par le fait que de faux exorcismes s'appropriaient ce pouvoir. Ce serait une erreur de voir en lui une caricature de Puritain ennemi du théâtre, ou de croire que sa colère tombait sur les acteurs londoniens et sur leurs fictions.

p. 90.
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