Certains n'avaient pas eu de pot, dès le départ. Leurs péniches s'étaient enlisées sur un banc de sable et les gars, au lieu de trouver la pente douce de la plage, tombaient dans des trous d'eau profonds de trois ou quatre mètres.
Ils avaient beau savoir nager, les godasses, le fusil, le barda, le casque, la ceinture de grenades qui leur entourait la taille, ça faisait trop pour espérer flotter. Ceux-là se noyèrent tout de suite.
Il y eu ensuite un petit air de musique maritale.
Guadalcanal pointa à l'horizon, au ras de l'océan. A cette vue, Jack King sentit ses tripes se serrer. Il ne connaissait pas encore les statistiques qui - plus tard - établirent que les quatre-cinquièmes des premiers effectifs de débarquement étaient décimés. Mais il se doutait bien que ça allait être dur.
(Incipit)
Mais les baraques étaient complètement à l'Est, trois kilomètres plus loin.
Il mit à peine plus de huit minutes pour les franchir, ce qui, avec de grosses chaussures et un fusil, était un beau score.
L'escadre s'arrêta vingt milles avant l'entrée du canal. Seule, une vedette lance-torpille s'avança.
- Elle va balancer des grenades anti-sous-marines, dit le capitaine américain.
- Oui. Au petit bonheur, fit Colbert.
Reste à savoir pour qui sera le bonheur....
Il ricana entre ses dents :
- Les japs ne sont pas fous. Ils se poseront sur le fond, stopperont les machines et attendront qu'elle passe.
Il tourna son regard vers l'escadre arrêtéé au loin et murmura :
- C'est la grosse bête, qu'ils veulent....
Finalement, c’est simple, fit Colbert. Il suffit de partir par là et de continuer tout droit pendant cinq mille kilomètres… Avec autant de chance de crever qu’il y aura de pas à faire, songea Richard Cotten. On part quand ? demanda-t-il à haute voix. Tout de suite, répondit le sergent. Pourquoi remettre à demain ?