une autre halte, nous eûmes l’occasion de mieux comprendre
leur attitude envers nous. Deux ou trois de nos officiers parlaient
couramment le russe et ils nous servirent d’intermédiaires et
d’interprètes. À l’un d’eux, un grand gaillard d’une trentaine
d’années, les vêtements un peu en désordre, mais qui ressemblait
encore à un officier, une femme assez mal habillée, au visage grave, donna une gamelle d’eau. Il lui exprima sa gratitude et ajouta avec chaleur :
— Vous êtes nos amis. Nous lutterons ensemble contre les barbares allemands et nous les vaincrons.
Elle se raidit et répondit d’un ton méprisant :
— Vous ! Vous avec nous ? Vous, les aristocrates polonais, les
fascistes ?!? Chez nous, en Russie, vous apprendrez à travailler. Vous serez assez forts pour travailler, mais trop faibles pour opprimer le pauvre.