Ni je buvais, ni je me reposais, et, pas une seule fois, je sortis avec une fille. Je ne vivais que pour la cause. Par moments, je me sentais terriblement seul. Un soir, je m'assis sur une pile de bois dans le port de Tacoma, vaincu, prêt à abandonner la tâche, à déserter. La vie, pensai-je, pourrait être plaisante, facile, si seulement je ne m'occupais plus que de moi-même. Je pourrais apprendre un métier, monter une affaire, avoir une voiture neuve et une maison coquette où l'existence serait rose et douce. La minute d'après, je m'insurgeais contre de telles pensées bourgeoises et n’emparais d'un morceau de bois qui traînait à terre pour m'en assener un coup sur la tête.