Après la perte de leur compagnon, ou de leur compagne, certains ne trouvent leur salut qu'en mettant la clé sous la porte. Impossible de continuer à vivre en un lieu où l'absence crie plus fort que ne le faisait une présence inscrite dans le quotidien. Tout rappelle le disparu, à commencer par les sujets d'énervement: ce bol ébréché qu'il refusait de jeter, ces immondes pantoufles, ces manies que l'on appelle "petites" et qui soudain emplissent tout le terrain du souvenir. Les odeurs, n'en parlons pas; elles font partie des nôtres. Une seule solution: fuir, en misant sur l'oubli.
D'autres font, au contraire, un sanctuaire de l'endroit où ils ont été deux. L'oubli est leur ennemi: ce serait accepter la solitude. Ceux-là n'existent que tournés vers le passé.