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Citation de MaaCecile


Le bonheur... Cette brusque et violente bouffée qui parfois me submerge presque douloureusement à la simple pensée que je vis ? Ou ce calme bien-être lorsque près de maman je regarde monter dans la cheminée du salon une flamme qui semble ne devoir s'arrêter jamais ? Ou encore, plus simplement, le fait pour moi si évident d'avoir lit, couvert et tendresse assurés ?
Mais pour les autres ? Ceux dont j'aperçois, dans la rue ou le métro, les visages las ? Ou pour ceux dont on parle dans les journaux, sous les mots "guerre", sous les mots "faim" ou "révolution", sous les mots "espoir", avant les points de suspension ou d'interrogation ? Pour Jean-Marc ? Pour Béa ? Pour Pierre ? Pour Claire aussi, oui, pour Claire, le mot "bonheur", que recouvre-t-il ?
Je ne sais plus. Je me penche sur ce mot, il s'éloigne. J'ai voulu le toucher, il s'est envolé. Je m'en sens vide tout à coup. Ai-je le droit, moi qui ai "tout" comme dit si souvent maman, de déclarer qu'à mon avis, ce doit être quelque chose qui ne dépend pas tellement du feu ou de l'assiette remplie ; peut-être même pas tellement de la liberté ou autres grands mots qu'on y accole à présent ; quelque chose comme une perle qu'on porterait en soi, que personne n'y aurait mise, qu'on secréterait soi-même, quoi qu'il arrive, par une sorte de chance ?
Et le bonheur des enfants que la couleur d'un coquillage, la forme d'un morceau de bois ou d'un nuage, une caresse, peuvent faire exploser d'un seul coup ?
Dans mon devoir, j'oserai dire que le bonheur, je ne sais pas. Mais réduits à le rêver, non ! Là, je reste sur mes positions !

Il m'arrive, au lycée, d'avoir l'impression d'apprendre le contraire de vivre. D'apprendre à m'échapper. C'est cela ! Échapper à moi. Je sais que tout sert et que de tout on peut tirer matière. Mais matière à quoi ? A ne plus s'émerveiller ? Je sens, autour de moi, la présence d'un merveilleux. Je n'ai pas, pour tout, envie de connaître le pourquoi, le dedans, le comment. Quand je marche sur un chemin de campagne, ou quand je m'arrête pour regarder quelqu'un accomplir des gestes simples, il me semble que si on savait regarder ce qui se trouve autour de soi, on n'aurait plus besoin de leçons, ni de lois pour marcher droit.
En tout cas, moi, le bachot passé, je laisse tout tomber. Je regarde et j'écris.
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