Jason Aaron

Je connais des gens, des gens très âgés et très sages, qui n’ont jamais été bien loin et toujours à pied de là où ils sont nés comme Mamie. Moi, j’ai jamais voulu de cette vie-là. Pas depuis que j’ai vu cet astronaute qui m’a fait rêver de la lune. Y a des gens qui sont tout à fait contents de leur vie à la réserve. Mais moi... j’ai toujours cru que j’étais destiné à quelque chose de PLUS GRAND. Et je priais Dieu pour ça. AVANT, quand je me croyais vraiment à ces conneries de grand esprit et de grand plan. J’en ai assez vu depuis pour savoir qu’y a ni Dieu, ni grand plan. On vit et on meurt et ce qui nous arrive au milieu, c’est que de la pure chance. Y en a qui ont de belles voitures et de belles maisons, parce qu’ils ont eu la chance de savoir chanter ou de marquer des paniers, ou d’avoir un père pété de thunes. Y en a qui deviennent astronautes, d’autres ont de la chance de savoir lécher. Et puis y en a qui naissent avec la guigne collée à la peau, bordel. « Des » que le destin encule. Jusqu’à ce que ça fasse mal. Jusqu’à ce que ça saigne.